How to Stop Time de Matt Haig, ou comment accepter le poids du temps qui passe

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Dans son roman intitulé How to Stop Time, le romancier britannique Matt Haig, traduit de l’anglais par Valérie Le Plouhinec, nous conte l’épopée de son personnage principal, un Londonien singulier puisque possédant une particularité dont il ne peut se défaire : l’homme paraît aux yeux de tous comme immortel. Sa « condition » l’empêche ainsi d’avoir une vie « normale », c’est-à-dire de vivre pleinement ses relations humaines, sentimentales.

Vaincre l’épreuve du temps

Tom Hazard, le personnage principal de How to Stop Time, a un secret. Il ne vieillit pas comme tout le monde mais seulement d’environ un an tous les quinze ans, et ce, depuis qu’il est entré dans l’adolescence. Aujourd’hui, malgré son apparence d’homme mûr approchant la quarantaine, il a véritablement 439 ans. Si beaucoup pourraient envier cette condition appelée « anagérie » (anageria en anglais), pour lui, c’est un véritable traquenard.

The condition develops around puberty. What happens after that is, well, not much. Initially, the ‘sufferer’ of the condition won’t notice they have it. After all, every day people wake up and see the same face they saw in the mirror yesterday. Day by day, week by week, even month by month, people don’t change in very perceptible ways.
But as time goes by, at birthdays or other annual markers, people begin to notice you aren’t getting older.[1]
Ce syndrome se manifeste au moment de la puberté. Ce qui arrive ensuite, c’est, eh bien… pas grand-chose. Au début, la personne « affectée » ne remarque rien. Après tout, il est habituel de voir dans la glace, le matin au réveil, le même visage que la veille. D’un jour à l’autre, d’une semaine à l’autre, d’un mois à l’autre, on ne change pas de manière très perceptible.
Mais au fil du temps, lors des anniversaires ou autres repères annuels, votre entourage commence à remarquer que vous ne vieillissez pas.

Pour que personne ne devine ce trait génétique, Tom doit changer d’identité environ tous les huit ans. Il ne doit donc pas s’attacher à un lieu en particulier, et surtout éviter un maximum de se lier aux personnes « normales », qu’il appelle les « éphémères » (mayflies en anglais). Il rêve pourtant d’avoir un quotidien classique, de pouvoir créer des liens avec le monde qui l’entoure et de trouver un réel sens à sa vie.

Au début de l’énonciation, Tom vient d’emménager à Londres, une ville qu’il a bien connue durant son adolescence. Il y devient professeur d’histoire, ce qui se révèle être pratique pour lui car il peut faire appel à sa mémoire pour conter le passé tel qu’il s’en souvient. Il tente dans le même temps de réfléchir à toutes les situations qu’il a vécues dans cette ville anglaise, quelques centaines d’années plus tôt. Il essaie ainsi de trouver une certaine quiétude, de se sentir en paix avec ses sentiments.

Surtout, Tom essaie de s’en tenir au conseil de son ami Hendrich : « La première règle est de ne pas tomber amoureux » (« The first rule is that you don’t fall in love »). Il tente tant bien que mal de respecter ce principe de base pour les personnes comme lui, connaissant les conséquences désastreuses que cela pourrait avoir sur son rythme de vie…

Vivre avec le monde

How to Stop Time est un roman sur le genre humain et le temps qui passe. Matt Haig fait un travail minutieux quant à la réflexion sur l’existence de chacun dans le monde. Comment doit-on vivre pour se sentir en phase avec les autres ? À quelle place doit-on positionner les souvenirs et les regrets au sein de notre quotidien ? L’auteur utilise un style d’écriture fluide pour donner une réflexion intéressante sur ces préoccupations.

And, just as it only takes a moment to die, it only takes a moment to live. You just close your eyes and let every futile fear slip away. And then, in this new state, free from fear, you ask yourself: who am I? If I could live without doubt what would I do? If I could be kind without the fear of being fucked over? If I could love without fear of being hurt? If I could taste the sweetness of today without thinking of how I will miss that taste tomorrow? If I could not fear the passing of time and the people it will steal? Yes. What would I do? Who would I care for? What battle would I fight? Which paths would I step down? What joys would I allow myself? What internal mysteries would I solve? How, in short, would I live?
Et, tout comme il ne faut qu’un instant pour mourir, il ne faut qu’un instant pour vivre. Il suffit de fermer les yeux et de laisser toutes les années futiles dériver au loin. Et là, dans ce nouvel état, libéré de la peur, on se demande : qui suis-je ? Si je pouvais vivre sans connaître le doute, que ferais-je ? Si je pouvais être bon sans la peur de me faire avoir ? Si je pouvais aimer sans craindre de souffrir ? Si je pouvais goûter la douceur d’aujourd’hui sans me dire qu’elle me manquera demain ? Si je pouvais ne plus redouter le passage du temps et les gens qu’il me volera ? Oui. que ferais-je ? Qui aimerais-je ? Quelles bataille mènerais-je ? Quels chemins emprunterais-je ? Quelles joies me permettrais-je ? Quels mystères intérieurs éluciderais-je ? En un mot, comment vivrais-je ?

Tom possède du reste une humanité indéniable. Il ne cesse de se remettre en question pour évoluer au mieux dans son quotidien. Il veut guérir ses blessures du passé sans que celles-ci ne viennent perturber son présent. À l’image de tout être humain, il essaie surtout d’accepter qui il est pour vivre en harmonie avec la société qui l’entoure.

Notes    [ + ]

  1. Les citations en langue anglaise sont tirées du roman How to Stop Time de Matt Haig pour Canongate Books. La traduction en langue française de ces citations est celle de Valérie Le Plouhinec pour Hélium.

Deux réflexions sur « How to Stop Time de Matt Haig, ou comment accepter le poids du temps qui passe »

  1. ce livre ne te fait pas penser à L’instant présent de Guillaume Musso ? Dans lequel le personnage principal doit lui aussi se battre avec le temps pour essayer d’avoir une vie à peu près normal. Lui aussi n’aurait pas dû tomber amoureux , mais il n’a pas pu résister au charme de Lisa et leur histoire est pleine d’émotion et de remous car pendant 24 ans il va vivre une journée par an , il disparaît et réapparaît l’année suivante…..

    1. Hello Anouck,
      Difficile pour moi de te faire une vraie comparaison entre ces deux livres, je n’ai pas lu L’Instant présent de Guillaume Musso. Mais si le personnage principal « lutte » contre le temps pour « pouvoir aimer », alors oui, sans aucun doute, ces deux ouvrages ont quelque chose en commun. Ce que j’ai apprécié ici, c’est le caractère humain de Tom. L’auteur ne cherche pas à donner une fin miracle : il délivre un message plus puissant, plus bouleversant encore. J’ai été touchée par ce personnage qui se pose des questions actuelles, que nous aussi pouvons nous poser à tout instant de la vie. Merci pour ce commentaire, je jetterai un œil à ce livre de Musso à l’occasion. :)

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