Née en 1975 d’une mère jamaïcaine ayant immigré en Angleterre six années avant sa naissance et d’un père anglais plus âgé que cette dernière (de presque trente ans son aîné), Zadie Smith navigue dans les eaux du métissage. Elle tire ainsi son inspiration pour l’écriture de ses expériences littéraires (elle étudie la littérature anglaise à l’université de Cambridge) et humaines (attachée à sa double culture), et des expériences de vie de ses parents dont l’histoire insuffle à la romancière le couple formé par Archie et Clara au sein de Sourires de loup.
Dans ce premier roman doté d’un humour franc, traduit de l’anglais vers le français par Claude Demanuelli, publié dans son édition princeps sous le titre White Teeth, Zadie Smith traite de sujets néanmoins sérieux et aborde des notions telles que l’immigration, la religion, les avancées scientifiques, l’ethnicité vue par autrui et la diversité culturelle. L’entrée en matière de cet ouvrage peut sembler lente mais se justifie par un grand nombre de personnages dont on suit les pensées les plus intimes.
Le quotidien de deux familles immigrées
Sourires de loup mène d’abord sur la route d’Archibald Jones, un Blanc âgé de quarante-sept ans. Bien qu’on soit le premier jour de l’an 1975, Archie n’a pas le cœur à la fête. Après une tentative de suicide ratée, cet homme à l’allure banale se remet en question. S’il a souhaité mettre fin à ses jours, c’est avant tout « parce que son épouse, une Italienne aux yeux violets nommée Ophelia et dotée d’un soupçon de moustache, [vient] de le quitter ». Il se rend compte d’à quel point sa vie est fade et veut maintenant trouver un réel sens à celle-ci.
Archie peut compter sur son ami Samad, un « musulman du Bengale ». Samad et Archie se connaissent depuis une trentaine d’années. Ils ont officié ensemble en Europe durant la Seconde Guerre mondiale. Ce qu’ils pensaient à l’époque n’être qu’une « amitié de vacances » va finalement s’installer plus durablement dans le temps quand Samad décide de quitter le Bangladesh pour vivre en Angleterre au printemps 1973 avec sa jeune épouse Alsana Belgum, une femme « au visage de pleine lune et aux yeux perçants ».
Cette amitié naissante que les deux hommes partageaient pendant leur épopée militaire, cette « amitié de vacances », Zadie Smith la décrit comme suit.
A friendship that crosses class and colour, a friendship that takes as its basis physical proximity and survives because the Englishman assumes the physical proximity will not continue.[1]
Une amitié qui ignore les distinctions de classe ou de couleur, qui se fonde sur la proximité physique et ne survit que parce que l’Anglais part du principe que cette proximité n’est pas destinée à durer.
Car jamais Archie et Samad n’avaient imaginé alors que cette relation survivrait à l’épreuve du temps. Et d’après le narrateur omniscient (parfois distant mais toujours présent) de Sourires de loup, ce rapprochement a uniquement eu lieu parce que les deux hommes n’étaient pas censés se côtoyer outre mesure après la guerre.
Selon Samad, si le premier mariage d’Archie n’a pas fonctionné, c’est simplement parce que ce dernier n’a pas encore trouvé l’âme sœur. « Évidemment, avec le recul, c’est facile, se dit Archie. On gagne à tous les coups. » Ce personnage veut malgré tout croire à sa bonne étoile et décide de se rendre à une fête célébrant la nouvelle année, une « fête de fin du monde ». C’est ici, chez Merlin, qu’Archie rencontre Clara.
Clara est une femme « belle, grande, superbement noire comme de l’ébène, les cheveux tressés en fer à cheval ». Elle a dix-neuf ans, est jamaïcaine, et née d’une mère métissée Témoin de Jéhovah très conservatrice. Pour Clara, tous les moyens sont bons pour s’en émanciper et Archie représente le « Dernier Homme sur la Planète ». Six semaines après cette rencontre inespérée, Archie et Clara se marient.
Alsana, la femme de Samad, et Clara tombent toutes deux enceintes dans les mois qui suivent. Ces deux femmes que tout sépare finissent ainsi par lier connaissance, par la force des choses, unies par cette triste réalité : « Peut-être que leurs maris se disaient bel et bien tout, mais que c’étaient elles à qui on ne disait rien. »
One month into their marriage, […] [Archie] had already reverted back into his bachelorhood: pints with Samad Iqbal, dinner with Samad Iqbal, Sunday breakfasts with Samad Iqbal, every spare moment with the man in that bloody place, O’Connell’s, in that bloody dive.
Au bout d’un mois de mariage, […] [Archie] était retourné à son célibat : bières avec Samad Iqbal, dîner avec Samad Iqbal, petit déjeuner dominical avec Samad Iqbal, en fait tous ses moments de liberté, il les passait avec ce type dans cette saloperie d’endroit, O’Connell’s, cette saloperie de bouge.
Zadie Smith propose, suite à cette introduction, une immersion dans le quotidien de deux familles d’immigrés, de cultures et de croyances différentes, installées à Londres. Ces deux foyers tentent de vivre en adéquation avec une société qui ne connaît rien de leurs coutumes, et qui ne reconnaît pas leur appartenance à la culture occidentale. Elles essaient, souvent en vain, de faire entendre leurs différences à travers leurs échanges, et espèrent trouver un moyen de parfaitement s’adapter à la vie londonienne.
Ce combat s’étalant sur trois générations, avec la naissance des enfants Iqbal et Jones, est brillamment conté au sein de Sourires de loup.
Différences de perception… Un immigré est-il étranger ?
Zadie Smith, tout au long de son récit, tente de faire comprendre, entendre, les difficultés que rencontrent les personnes immigrées quand elles s’installent durablement dans un nouveau pays. Ainsi, elle confronte son lecteur à la perte d’identité que peuvent ressentir certains, et le sentiment de non-appartenance vis-à-vis de la communauté locale.
These days, it feels to me like you make a devil’s pact when you walk into this country. You hand over your passport at the check-in, you get stamped, you want to make a little money, get yourself started… but you mean to go back! Who would want to stay? Cold, wet, miserable; terrible food, dreadful newspapers – who would want to stay? In a place where you are never welcomed, only tolerated. Just tolerated. Like you are an animal finally house-trained. Who would want to stay? But you have made a devil’s pact… it drags you in and suddenly you are unsuitable to return, your children are unrecognizable, you belong nowhere.
Plus je vais et plus j’ai l’impression qu’on fait un pacte avec le diable quand on débarque dans ce pays. On tend son passeport au contrôle, on obtient un tampon ; on essaie de gagner un peu d’argent, de démarrer… mais on n’a qu’une idée en tête, retourner au pays. Qui voudrait rester ? Il fait froid et humide ; la nourriture est immonde, les journaux épouvantables – qui voudrait rester ; je te le demande ? Dans un pays où on passe son temps à vous faire sentir que vous êtes de trop, que votre présence n’est que tolérée. Simplement tolérée. Que vous n’êtes qu’un animal qu’on a fini par domestiquer. Il faudrait être fou pour rester ! Seulement voilà, il y a ce pacte avec le diable… qui vous entraîne toujours plus loin, toujours plus bas, et qui fait qu’un beau jour on n’est plus apte à rentrer ; que vos enfants sont méconnaissables, qu’on n’appartient plus à nulle part.
L’écrivaine soutient ici que beaucoup ne prêtent pas attention ni ne font de distinction quand il est question d’une personne d’origine étrangère. Souvent des assertions sont émises comme si elles reflétaient la vérité, alors qu’il n’en est rien. Pour « l’immigrant », c’est une marque d’irrespect pour ce qu’il est, pour son peuple. Il en arrive à s’effacer et ne plus corriger la personne qui se trouve en face de lui.
En guise d’illustration, quand Samad Iqbal rencontre Poppy Burt-Jones, professeure de musique à l’école où sont inscrits ses enfants, celle-ci lui déclare qu’elle s’intéresse beaucoup à la « culture indienne ». Quand Samad lui explique qu’il n’est pas indien mais originaire du Bangladesh, cette dernière lui répond « Ah, oui. C’est tout dans le même coin, alors. » C’est donc la même chose. À aucun moment, elle ne perçoit son offense.
On note ainsi un décalage des perceptions entre la population locale et la population immigrée. Chaque parti reste strictement campé sur ses opinions, et de cette situation naît de nombreuses confusions.
But it makes an immigrant laugh to hear the fears of the nationalist, scared of infection, penetration, miscegenation, when this is small fry, peanuts, compared to what the immigrant fears – dissolution, disappearance.
L’immigrant ne peut que rire des peurs du nationaliste (l’envahissement, la contamination, les croisements de races) car ce ne sont là que des broutilles, clopinettes, en comparaison des terreurs de l’immigrant : division, résorption, décomposition, disparition pure et simple.
Les problèmes des uns paraissent peu importants aux yeux des autres, et vice-versa. Comment prendre au sérieux l’autre si l’on n’est pas capable d’entendre sa peur, de l’accepter comme étant un sentiment réel ?
Because this is the other thing about immigrants (’fugees, émigrés, travellers): they cannot escape their history any more than you yourself can lose your shadow.
Parce qu’il y a autre chose à propos des immigrants (réfugiés, émigrés, voyageurs) : ils ne peuvent pas davantage échapper à leur histoire que vous-même n’avez le loisir d’abandonner votre ombre.
They [the people of Bangladesh, formerly East Pakistan, formerly India, formerly Bengal] live under the invisible finger of random disaster, of flood and cyclone, hurricane and mud-slide. Half the time half their country lies under water; generations wiped out as regularly as clockwork; individual life expectancy an optimistic fifty-two, and they are coolly aware that when you talk about apocalypse, when you talk about random death en masse, well, they are leading the way in that particular field, they will be the first to go, the first to slip Atlantis-like down to the seabed when the pesky polar ice-caps begin to shift and melt.
Eux [les gens originaires du Bangladesh, ex-Pakistan oriental, ex-territoire indien, ex-Bengale] vivent sous la menace constante du désastre aveugle : pluies torrentielles, cyclones, ouragans, glissements de terrain. La moitié du temps, la moitié de leur pays se trouve submergée ; des populations entières sont périodiquement balayées de la surface de la terre ; l’espérance de vie est au mieux de cinquante-deux, et ils sont parfaitement conscients de ce que, quand on parle d’apocalypse, de victimes qui se comptent par dizaines de milliers, ce sont eux qui arrivent en tête de liste, et qu’ils seront, par exemple, les premiers touchés, les premiers à être engloutis, telle une nouvelle Atlantide, quand ces foutues calottes polaires se mettront à bouger et à fondre.
Cheveux et silhouette corporelle pour parler assimilation occidentale
Zadie Smith choisit intelligemment de revenir ici sur le combat des femmes noires et métisses pour dompter leur chevelure. Car si aujourd’hui le cheveu naturel crépu est vu comme une force par bien des femmes de couleur, cela n’a pas toujours été le cas. De nombreuses femmes optent encore pour le défrisage pour mieux s’intégrer, pour passer inaperçues, pour travailler à des postes de haute fonction.
Irie, la fille de Clara et Archie, veut défriser ses cheveux. Elle donnerait n’importe quoi pour avoir un autre type de chevelure. Elle veut être belle, séduire, et pour ça, selon elle, il n’y a qu’une seule solution : des cheveux qu’elle ne peut avoir naturellement, des « cheveux décrêpés ».
Straight straight long black sleek flickable tossable shakeable touchable finger-through-able wind-blowable hair.
Décrêpés et longs, noirs, lisses, des cheveux que l’on puisse rejeter en arrière et secouer, dans lesquels on puisse passer les doigts, dans lesquels puisse jouer le vent…
Bien qu’elle ne connaisse pas encore le rituel draconien par lequel passent les femmes aux cheveux crépus pour obtenir des cheveux lisses, Irie est sûre d’elle, elle ne veut plus être autant « différente ».
Sometimes you want to be different. And sometimes you’d give the hair on your head to be the same as everybody else.
Parfois, c’est vrai qu’on a envie d’être différente. Mais, à d’autres moments, on donnerait tous ses cheveux sur sa tête pour être comme les autres.
La romancière anglaise ne s’arrête pas là pour faire entendre ce besoin d’assimilation occidentale par la coiffure. Elle opte pour une description minutieuse d’une séance de défrisage. Zadie Smith offre ici un texte cru pour accentuer le calvaire que représente cette perte de volume capillaire au moyen de produits chimiques. Elle conte sans états d’âme ce qui se déroule dans les salons de coiffure réservés à la clientèle noire et métissée.
Here, the impossible desire for straightness and ‘movement’ fought daily with the stubborn determination of the curved African follicle; here ammonia, hot combs, clips, pins and simple fire had all been enlisted in the war and were doing their damnedest to beat each curly hair into submission.
Là, la chimère du décrêpage et du « mouvement » menait une lutte quotidienne contre l’obstination du poil africain à friser ; l’ammoniaque, les bigoudis brûlants, les fers, les pinces, le feu à l’état pur avaient tous été enrôlés dans cette guerre et faisaient de leur mieux pour forcer chaque frisure à demander grâce.
Une séance de défrisage se résume ainsi à cette phrase selon par Zadie Smith.
Ammonia and coconut oil, pain mixed with pleasure.
Ammoniaque et huile de noix de coco, la douleur mêlée au plaisir.
Irie rêve également d’avoir un corps digne des « proportions européennes de la silhouette », ce qui est loin d’être son cas. Elle voudrait se défaire de son héritage génétique jamaïcain, de sa carrure qu’elle juge imposante. Selon elle, elle ne pourra véritablement s’épanouir que le jour où elle sera « belle », c’est-à-dire mince et les cheveux sans volume, à l’image des Londoniennes.
Unwilling to settle for genetic fate; waiting instead for her transformation from Jamaican hourglass heavy with the sands that gather round Dunn River Falls, to English Rose – oh, you know her – she’s a slender, delicate thing not made for the hot suns, a surfboard rippled by the wave.
Peu disposée à se satisfaire de son destin génétique, elle attendait le moment où elle passerait du sablier jamaïquain, lourd de tous les sables qui s’accumulent autour de Dunn River Falls, à la Rose anglaise – vous ne connaissez qu’elle : cette chose délicate, élancée, peu faite pour la chaleur et le grand soleil, une planche de surf ridée par la vague.
La romancière travaille sa narration avec érudition ici. La détresse d’Irie est palpable, son envie d’être conforme à la norme anglaise compréhensible. Nul doute que les pensées de cet être de papier aient parcouru un jour l’esprit de son auteure ou celui de nombreuses femmes noires. La jeune femme veut se défaire de ses gènes qu’elle n’a pas souhaités à la fois pour passer inaperçue aux yeux du commun des mortels et pour être vue comme une prétendante sérieuse par celui pour lequel elle a un faible.
Sur les liens familiaux, et ce que l’on souhaite pour nos enfants
Zadie Smith insiste également dans Sourires de loup sur les relations familiales, sur les souhaits que les parents formulent pour leurs enfants. Un parent reste un être humain capable de pécher, et avec cette affirmation, la romancière montre l’ambivalence des sentiments de ces derniers. À titre d’exemple, un parent se pose sans arrêt des questions quant à la meilleure éducation qu’il pourrait donner à son enfant.
How can I teach my boys anything, how can I show them the straight road when I have lost my own bearings?
Comment puis-je prétendre leur apprendre quoi que ce soit, leur montrer le droit chemin, alors que je suis moi-même complètement désorienté ?
L’écrivaine dénonce aussi la volonté, parfois profonde, des parents qui veulent que leur descendance se lance précisément dans quelque chose, oubliant qu’un enfant est finalement un être libre, capable de penser différemment de soi. Au fil des pages tournées, on mesure l’importance des divergences entre Samad et ses fils Magid et Millat.
You teach them but they do not listen because they have the “Public Enemy” music on at full blast. You show them the road and they take the bloody path to the Inns of Court. […] You try to plan everything and nothing happens in the way that you expected…
Tu as beau essayer de leur inculquer quelque chose, ils ne t’écoutent pas, parce qu’ils ont une autre musique dans les oreilles. Tu leur montres la voie, et ils prennent un foutu chemin de traverse qui mène à la faculté de droit. […] Tu essaies de tout planifier et rien ne se passe comme tu l’avais prévu…
Ces différences de points de vue, on les retrouve souvent entre les parents immigrés et leurs enfants natifs du pays d’immigration, explique Zadie Smith. Pour ce père ou cette mère, il est parfois difficile d’accepter que sa progéniture n’aille pas dans le sens des traditions de la famille.
No respect for tradition. People call it assimilation when it is nothing but corruption. Corruption!
Aucun respect pour les traditions. Les gens parlent d’assimilation, moi, je dis que c’est de la corruption. De la corruption pure et simple !
En ce qui concerne l’aide et le soutien que chacun peut recevoir de personnes qui lui sont proches, familles et amis, Zadie Smith émet une réserve importante. Bien sûr, votre proche ne vous souhaite véritablement aucun mal (bien sûr…), mais pour autant, ce dernier préfère que votre détresse reste bien la vôtre. Quand Alsana fait appel aux siens suite à sa perte tragique, elle sait aussi qu’elle ne peut s’apitoyer longtemps sur son sort, que certains penseront que ce n’est peut-être qu’un juste retour des choses…
Oh, there was a certain pleasure. And don’t ever underestimate people, don’t ever underestimate the pleasure they receive from viewing pain that is not their own, from delivering bad news, watching bombs fall on television, from listening to stifled sobs from the other end of a telephone line. Pain by itself is just Pain. But Pain + Distance can = entertainment, voyeurism, human interest, cinéma vérité, a good belly chuckle, a sympathetic smile, a raised eyebrow, disguised contempt.
Eh oui, il y avait là une vraie jouissance. Ne vous méprenez pas sur les gens, ne sous-évaluez jamais le plaisir que leur procure une douleur qui n’est pas la leur : l’annonce d’une mauvaise nouvelle, le spectacle des bombes à la télévision, le son de sanglots étouffés à l’autre bout du fil. La douleur en elle-même n’est rien d’autre que la douleur. Mais douleur plus éloignement égale parfois divertissement, voyeurisme, cinéma vérité, sourire bienveillant, sourcil levé, mépris déguisé.
Une narration captivante
Si Sourires de loup propose une difficile entrée en matière avec un rythme lent de manière à positionner tous les éléments qui constituent la vie passée de ses protagonistes, l’ouvrage contient en son sein une pluralité de réflexions autour de sujets d’actualité. On y découvre les immigrants sous un regard neuf, hors du commun. L’intrigue est intelligemment ficelée et la conclusion de l’ouvrage est, quant à elle, satisfaisante.
Zadie Smith possède ici une écriture franche, honnête, tranchante. Elle ne survole aucun des ressentiments de ses personnages et utilise son expérience personnelle pour raconter le quotidien de ces personnes qui sont maintenant londoniennes, que la société le reconnaisse ou pas. Son énonciation est ingénieuse et concerne en outre le discours polémique autour des avancées scientifiques, la complexité des relations familiales, les tentations possibles du quotidien et la difficulté des immigrants à trouver leur place.
The end is simply the beginning of an even longer story.
Toute fin n’est jamais que le début d’une autre histoire, bien plus longue encore.
Sourires de loup est ainsi un roman important sur la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui. À noter qu’il peut être également intéressant de lire cet ouvrage en langue anglaise : White Teeth pose plus nettement un ancrage dans le langage quotidien des personnes immigrées, l’écrivaine utilisant le patois jamaïcain à l’écrit, proposant une morphologie des mots dont on reconnaît l’influence (l’origine) plus nettement que dans la traduction française.
Notes
- ↑ Toutes les citations en langue anglaise de cette chronique sont issues du texte original de Zadie Smith pour l’édition de White Teeth parue chez Penguin Books. La version française de ces citations est la traduction offerte par Claude Demanuelli au sein de Sourires de loup, ouvrage de la collection « Du monde entier » de la maison d’édition Gallimard.
Analyse fort pertinente. Zadie Smith relève là un sujet d’actualité, très pertinent donc beaucoup ne sortent pas. Son expérience, sa proximité d’avec la question fait de son livre presque un témoignage.