Dans l’œuvre première de sa trilogie livrant le testament émotionnel de femmes mortes, une œuvre intitulée L’Ombre animale, Makenzy Orcel nous évoque subtilement la difficulté de son entreprise littéraire, à savoir la difficulté de trouver les mots justes pour conter la vie et la mort, l’existence et l’essence, d’une personne passée de « l’autre côté ». dans ce dialogue constant avec la mort (ou la vie) une seule question s’impose, comment, avec quels mots raconter la fable de celui ou de celle qui n’est plus, n’a jamais été, quelle place a la mémoire des disparus à côté de celle des vivants[1] L’écrivain choisit pourtant de se prêter à cet exercice singulier d’une façon qui soit hautement littéraire et lui permette d’embrasser les mille … Continuer la lecture de « Une somme humaine de Makenzy Orcel, une langue vivante »
Makenzy Orcel
Makenzy Orcel est un poète et écrivain haïtien né en 1983. Il est le récipiendaire du prix Thyde Monnier de la Société des gens de lettres pour son premier roman intitulé Les Immortelles et est distingué chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres en 2017.
La Douleur de l’étreinte | Deschamps | 2007 |
Sans ailleurs | Arche Collectif | 2009 |
À l’aube des traversées et autres poèmes | Mémoire d’encrier | 2010 |
Les Immortelles | Mémoire d’encrier | 2010 |
Les Latrines | Mémoire d’encrier | 2011 |
La Nuit des terrasses | La Contre Allée | 2015 |
L’Ombre animale | Zulma | 2016 |
Caverne | La Contre Allée | 2017 |
Le Chant des collines | Mémoire d’encrier | 2017 |
Maître-Minuit | Zulma | 2018 |
Une boîte de nuit à Calcutta, avec Nicolas Idier | Robert Laffont | 2019 |
Pur sang | La Contre Allée | 2021 |
L’Empereur | Rivages | 2021 |
Une somme humaine | Rivages | 2022 |
L’Ombre animale de Makenzy Orcel, ou la violence d’« ici »
Dans l’œuvre première de sa trilogie explorant la destinée de femmes mortes, des femmes livrant leur testament émotionnel à qui veut l’entendre, Makenzy Orcel nous invite à découvrir les ténèbres et possibles lumières d’Haïti : L’Ombre animale s’inscrit en effet en ce pays où « la situation empire dans les rues, les gens crient famine, dans le nord comme dans le sud, réclament le départ immédiat du président de la République ». Il convoque de sorte les réflexions crues d’une âme n’ayant jamais eu l’opportunité d’énoncer les mouvements de son être afin d’exposer, par son récit, l’existence d’une terre-soleil impraticable. Son œuvre se révèle ainsi d’une rare violence et d’une sublime irrévérence, et fait montre d’une poésie épousant le réalisme merveilleux cher à la … Continuer la lecture de « L’Ombre animale de Makenzy Orcel, ou la violence d’« ici » »