Dans son premier roman intitulé Deux secondes d’air qui brûle, Diaty Diallo relate, au moyen d’une écriture précise, à la fois poétique et argotique, l’inqualifiable crime de policier·ères demeurant impuni·es par l’État puisque dans l’« exercice de leurs fonctions ». Leur indifférence, leur harcèlement, leur violence récurrente ainsi que ce meurtre, arbitraire, conduit les êtres qui les opposent, des jeunes de banlieue parisienne inlassablement arrêté·es pour ce qu’iels sont et non ce qu’iels font, à la fomentation d’une fulgurante rébellion. Une cruelle déflagration Les « deux secondes d’air qui brûle » contées par Diaty Diallo sont d’abord celles durant lesquelles Astor, se mouvant sur la piste de danse d’une fête de quartier, rêvant d’une relation sentimentale et/ou charnelle avec la belle Aïssa, attendant que son ami … Continuer la lecture de « Deux secondes d’air qui brûle de Diaty Diallo, une colère manifeste »
Seuil
Seuil est une maison d’édition française créée en 1935 sous l’impulsion de l’abbé Jean Plaquevent, de Jean Bardet et de Paul Flamand. Elle tire son nom original de sa ligne directrice donnée par Jean Plaquevent : « Le seuil, c’est tout l’émoi du départ et de l’arrivée. C’est aussi le seuil tout neuf que nous refaisons à la porte de l’Église pour permettre à beaucoup d’entrer. »
La maison d’édition Seuil naît ainsi avant la Seconde Guerre mondiale. Elle est fondée sous l’autorité morale de l’abbé Jean Plaquevent qui bénéficie du soutien financier de son ami Henri Sjöberg, avant d’être reprise par Jean Bardet (qui en devient propriétaire en 1937) et Paul Flamand. Son premier ouvrage paraît en 1935 ; il s’agit de Rondes, un livre écrit par Jean Plaquevent, Charles Mauban, Louis Chaigne, Paul Naudin, George Elrède, Henri Sjöberg, Jean Farvel, Georges Hourdin et Jean Pire. La structure éditoriale se développe après-guerre avec comme objectif premier de permettre l’enrichissement grâce au savoir et à la création.
Seuil propose aujourd’hui des ouvrages de littérature d’expressions française et étrangère, des documents et essais, des livres destinés à la jeunesse, des beaux livres et des ouvrages sur la spiritualité. La maison d’édition possède quelques collections singulières telles que la collection « Cadre rouge » qui propose des ouvrages de littérature d’expression française ; la collection « Cadre vert » qui propose des ouvrages de littérature d’expression étrangère ; et la collection « Cadre noir » qui propose des ouvrages de littérature policière.
Seuil appartient au groupe La Martinière depuis 2004, lui-même racheté en 2018 par le groupe Média-Participations. Ses ouvrages sont diffusés et distribués par Interforum. Son siège social se situe à Paris.
Collections littéraires :
Le Cœur synthétique de Chloé Delaume, le cœur inflammable d’une quadragénaire
Écrivaine française née en 1973, Chloé Delaume s’intéresse dans ses écrits à la cause féminine, particulièrement au sentiment de solidarité féminine aujourd’hui connu comme précepte de vie, le principe de sororité. Ses ouvrages Les Sorcières de la République (Seuil, 2016) et Mes bien chères sœurs (Seuil, 2019) développent une réflexion organisée sur ces sujets, avec une pointe de revendications politiques et un léger penchant pour les divinités mythologiques grecques. En cette rentrée automnale 2020, Chloé Delaume poursuit son œuvre littéraire singulière avec un roman embrassant ces thématiques multiples intitulé Le Cœur synthétique. Sa protagoniste principale n’est autre qu’une quadragénaire célibataire, attachée de presse pour une maison d’édition qui souffre de sa nouvelle « place » dans la société française. Une femme invisibilisée Le Cœur … Continuer la lecture de « Le Cœur synthétique de Chloé Delaume, le cœur inflammable d’une quadragénaire »
Un crime sans importance d’Irène Frain, une annihilation du silence par la littérature
Seuls les souvenirs semblent être de quelque recours lorsque l’on perd un être cher, alors comment ne pas se laisser submerger par la colère quand ceux-ci s’imprègnent d’une réalité terrible ? Comment guérir, surtout, quand les circonstances de la disparition de cet être ayant compté ne sont pas même connues ? Irène Frain, écrivaine et historienne agrégée en lettres classiques, explore ces questions dans un récit à la fois intime et engagé paru en cette rentrée littéraire 2020. Elle se retrouve malencontreusement confrontée à ces interrogations à l’aube de l’automne 2018, quand sa sœur Denise meurt des suites de blessures infligées à l’arme blanche par un agresseur sans vergogne. À travers Un crime sans importance, la femme de lettres espère redorer l’existence … Continuer la lecture de « Un crime sans importance d’Irène Frain, une annihilation du silence par la littérature »
Papa de Régis Jauffret, la réalité justifie la fiction
Écrivain français né en 1955, Régis Jauffret s’illustre dans de bien nombreux genres littéraires, s’amusant de la fine frontière entre réalité et fiction. Dans son dernier « roman » à caractère autobiographique intitulé Papa, il est de sorte au paroxysme de son art. Cet ouvrage paru au mois de janvier 2020 au sein de la collection « Cadre rouge » des éditions du Seuil est le manifeste des interrogations de l’écrivain sur le passé de son père décédé il y a plus de trente ans aujourd’hui. Un passé qu’il tente de restituer en comblant les « trous » autant que possible. Un point de départ Le 19 septembre 2018, Régis Jauffret visionne un documentaire intitulé La Police de Vichy. Il reconnaît lors d’une courte séquence du reportage l’immeuble … Continuer la lecture de « Papa de Régis Jauffret, la réalité justifie la fiction »
Là où chantent les écrevisses de Delia Owens, une loi animale
Écrivaine et biologiste également diplômée en zoologie et en éthologie, Delia Owens exerce près de vingt années en tant que chercheuse-naturaliste en Afrique, notamment dans le désert du Kalahari au Botswana. Elle s’inspire ainsi librement de ses observations en milieu naturel pour conférer à son premier roman, intitulé Là où chantent les écrevisses dans l’édition française et traduit de l’anglais par Marc Amfreville, son atmosphère si particulière. Elle y conte du reste les aventures d’une jeune fille qui grandit dans les marais et les circonstances d’une disparition invraisemblable, et décrit avec méticulosité les mondes animal et végétal. Deux temporalités distinctes 1952. Kya Clark, six ans, est la benjamine d’une fratrie de cinq enfants. Elle vit parmi les sien·nes dans une cabane en … Continuer la lecture de « Là où chantent les écrevisses de Delia Owens, une loi animale »
Frère d’âme de David Diop, où la nuit, tous les sangs sont noirs
Dans son deuxième roman intitulé Frère d’âme, David Diop décrit à travers l’histoire de ses deux protagonistes principaux, deux tirailleurs sénégalais enrôlés au sein des troupes françaises, la brutalité de la Grande Guerre. Par leurs destinées étroitement liées, le romancier nous interroge sur la notion complexe d’humanité : qui peut se dire « humain » en temps de guerre ? Et que dire d’un homme qui, soumis au désespoir, commet l’intolérable bien qu’agissant « libre », selon sa propre volonté ? Deux frères opposés L’intrigue de Frère d’âme démarre in medias res aux côtés d’Alfa Ndiaye pleurant la mort de Mademba Diop. Les deux hommes, vingtenaires, étaient « plus que frères » puisqu’ils se sont mutuellement choisis au plus tendre de leur jeunesse. De sorte, comme tous frères, Alfa et … Continuer la lecture de « Frère d’âme de David Diop, où la nuit, tous les sangs sont noirs »
Qui a tué mon père d’Édouard Louis, un pamphlet percutant
Après la parution de ses deux premiers récits à caractère autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule et Histoire de la violence, Édouard Louis, écrivain français né en 1992, revient sur le devant de la scène littéraire avec Qui a tué mon père, un troisième ouvrage relativement court publié aux éditions du Seuil au mois de mai 2018, disponible au format poche dès septembre 2019 aux éditions Points. Dans cet écrit l’écrivain se questionne sur la relation complexe qu’il a toujours entretenue avec ses parents, notamment avec son père, une figure distante symbole à la fois de haine et d’amour. Édouard Louis juxtapose céans l’histoire de sa vie de famille à l’histoire politique de la France : il part de son expérience individuelle pour … Continuer la lecture de « Qui a tué mon père d’Édouard Louis, un pamphlet percutant »
Les Passeurs de livres de Daraya : une bibliothèque secrète en Syrie de Delphine Minoui
Delphine Minoui est une journaliste et écrivaine franco-iranienne. Diplômée de l’École des hautes études en sciences de l’information et de la communication et de l’École des hautes études en sciences sociales, Delphine Minoui s’installe en Iran en 1999. Elle est dès lors correspondante pour France Inter et France Info ; et depuis 2002, grand reporter pour le Figaro, spécialiste du Moyen-Orient. L’idée de cet ouvrage, Les Passeurs de livres de Daraya : une bibliothèque secrète en Syrie, naît en 2015 alors que Delphine Minoui tombe sur une photo de deux Syriens entourés de murs de livres sur un réseau social. En lisant la légende de cette image, elle se rend compte que ces jeunes hommes sont à Daraya, une ville de … Continuer la lecture de « Les Passeurs de livres de Daraya : une bibliothèque secrète en Syrie de Delphine Minoui »
Adieu Bogota de Simone et André Schwarz-Bart, une plongée dans l’horreur humaine
André Schwarz-Bart et Simone Schwarz-Bart sont deux écrivains français au parcours croisé. De leur rencontre naît une histoire d’amour singulière, mais aussi une histoire d’écriture hors normes. Ces deux romanciers composent à quatre mains un cycle littéraire retraçant le destin de la mulâtresse Solitude, une résistante de l’esclavage en Guadeloupe. Ils décrivent avec émotion et justesse leur vision des Antilles, permettent un regard autre sur la Caraïbe. André Schwarz-Bart est en outre le récipiendaire du prix Goncourt en 1959 pour son roman Le Dernier des Justes. Adieu Bogota est le quatrième volume du cycle conjointement écrit par Simone et André Schwarz-Bart. Il paraît ainsi après Un plat de porc aux bananes vertes (1967), La Mulâtresse Solitude (1972) et L’Ancêtre en Solitude (2015). Les éditions du Seuil optent pour une première … Continuer la lecture de « Adieu Bogota de Simone et André Schwarz-Bart, une plongée dans l’horreur humaine »
Une disparition inquiétante de Dror Mishani, un roman d’enquête aux personnages énigmatiques
Professeur de littérature israélienne et d’histoire du roman policier, Dror Mishani développe au sein de sa première œuvre fictionnelle – parue en France au sein de la collection « Seuil Policiers » grâce à la traduction de Laurence Sendrowicz – un scénario exposant les caractéristiques de tout roman policier. Il utilise la technique du hareng rouge pour conduire son lectorat sur de fausses pistes malgré un projet d’écriture évident dévoilé par son personnage principal. Il choisit d’employer une énonciation à la troisième personne du singulier montrant les points de vue internes de ses deux protagonistes vedettes. Il apporte surtout une réflexion globale sur la littérature policière, mentionnant, entre autres, les œuvres d’Agatha Christie ou Stieg Larsson ; et construit un univers vraisemblable au détour des … Continuer la lecture de « Une disparition inquiétante de Dror Mishani, un roman d’enquête aux personnages énigmatiques »