Seuls les souvenirs semblent être de quelque recours lorsque l’on perd un être cher, alors comment ne pas se laisser submerger par la colère quand ceux-ci s’imprègnent d’une réalité terrible ? Comment guérir, surtout, quand les circonstances de la disparition de cet être ayant compté ne sont pas même connues ? Irène Frain, écrivaine et historienne agrégée en lettres classiques, explore ces questions dans un récit à la fois intime et engagé paru en cette rentrée littéraire 2020. Elle se retrouve malencontreusement confrontée à ces interrogations à l’aube de l’automne 2018, quand sa sœur Denise meurt des suites de blessures infligées à l’arme blanche par un agresseur sans vergogne. À travers Un crime sans importance, la femme de lettres espère redorer l’existence … Continuer la lecture de « Un crime sans importance d’Irène Frain, une annihilation du silence par la littérature »
Cadre rouge
Créée au mitan des années 1950, la collection littéraire « Cadre rouge » des éditions du Seuil devient la principale collection de littérature générale de la structure éditoriale en 1958. Elle regroupe alors essentiellement des œuvres de littérature d’expression française. On retrouve, parmi ses premières publications, Les Couteaux d’Emmanuel Roblès et Soleil de la conscience d’Édouard Glissant, deux textes parus en 1956.
Les ouvrages de la collection « Cadre rouge » sont reconnaissables grâce à leur cadre rouge en première de couverture, d’où tire son nom la collection. Leur première maquette graphique est réalisée en 1958 par Pierre Faucheux (1924-1999), typographe, maquettiste et graphiste français. Au fil des années, le ton de rouge utilisé pour ce cadre original, ainsi que l’ensemble typographique des mentions bibliographiques évoluent.
« Cadre rouge » regroupe les œuvres de Tahar Ben Jelloun, Patrick Chamoiseau, Patrick Grainville, Lydie Salvayre, et les époux Simone et André Schwarz-Bart.
Papa de Régis Jauffret, la réalité justifie la fiction
Écrivain français né en 1955, Régis Jauffret s’illustre dans de bien nombreux genres littéraires, s’amusant de la fine frontière entre réalité et fiction. Dans son dernier « roman » à caractère autobiographique intitulé Papa, il est de sorte au paroxysme de son art. Cet ouvrage paru au mois de janvier 2020 au sein de la collection « Cadre rouge » des éditions du Seuil est le manifeste des interrogations de l’écrivain sur le passé de son père décédé il y a plus de trente ans aujourd’hui. Un passé qu’il tente de restituer en comblant les « trous » autant que possible. Un point de départ Le 19 septembre 2018, Régis Jauffret visionne un documentaire intitulé La Police de Vichy. Il reconnaît lors d’une courte séquence du reportage l’immeuble … Continuer la lecture de « Papa de Régis Jauffret, la réalité justifie la fiction »
Frère d’âme de David Diop, où la nuit, tous les sangs sont noirs
Dans son deuxième roman intitulé Frère d’âme, David Diop décrit à travers l’histoire de ses deux protagonistes principaux, deux tirailleurs sénégalais enrôlés au sein des troupes françaises, la brutalité de la Grande Guerre. Par leurs destinées étroitement liées, le romancier nous interroge sur la notion complexe d’humanité : qui peut se dire « humain » en temps de guerre ? Et que dire d’un homme qui, soumis au désespoir, commet l’intolérable bien qu’agissant « libre », selon sa propre volonté ? Deux frères opposés L’intrigue de Frère d’âme démarre in medias res aux côtés d’Alfa Ndiaye pleurant la mort de Mademba Diop. Les deux hommes, vingtenaires, étaient « plus que frères » puisqu’ils se sont mutuellement choisis au plus tendre de leur jeunesse. De sorte, comme tous frères, Alfa et … Continuer la lecture de « Frère d’âme de David Diop, où la nuit, tous les sangs sont noirs »
Qui a tué mon père d’Édouard Louis, un pamphlet percutant
Après la parution de ses deux premiers récits à caractère autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule et Histoire de la violence, Édouard Louis, écrivain français né en 1992, revient sur le devant de la scène littéraire avec Qui a tué mon père, un troisième ouvrage relativement court publié aux éditions du Seuil au mois de mai 2018, disponible au format poche dès septembre 2019 aux éditions Points. Dans cet écrit l’écrivain se questionne sur la relation complexe qu’il a toujours entretenue avec ses parents, notamment avec son père, une figure distante symbole à la fois de haine et d’amour. Édouard Louis juxtapose céans l’histoire de sa vie de famille à l’histoire politique de la France : il part de son expérience individuelle pour … Continuer la lecture de « Qui a tué mon père d’Édouard Louis, un pamphlet percutant »
Adieu Bogota de Simone et André Schwarz-Bart, une plongée dans l’horreur humaine
André Schwarz-Bart et Simone Schwarz-Bart sont deux écrivains français au parcours croisé. De leur rencontre naît une histoire d’amour singulière, mais aussi une histoire d’écriture hors normes. Ces deux romanciers composent à quatre mains un cycle littéraire retraçant le destin de la mulâtresse Solitude, une résistante de l’esclavage en Guadeloupe. Ils décrivent avec émotion et justesse leur vision des Antilles, permettent un regard autre sur la Caraïbe. André Schwarz-Bart est en outre le récipiendaire du prix Goncourt en 1959 pour son roman Le Dernier des Justes. Adieu Bogota est le quatrième volume du cycle conjointement écrit par Simone et André Schwarz-Bart. Il paraît ainsi après Un plat de porc aux bananes vertes (1967), La Mulâtresse Solitude (1972) et L’Ancêtre en Solitude (2015). Les éditions du Seuil optent pour une première … Continuer la lecture de « Adieu Bogota de Simone et André Schwarz-Bart, une plongée dans l’horreur humaine »