Les éditions Christian Bourgois proposent en cette rentrée littéraire 2021 la parution de quatre ouvrages aux univers bien définis : un d’expression française et trois d’expression dite « étrangère », dont deux premiers romans.
Une rentrée française
Salomé Kiner choisit dans son premier roman de conter les rêves d’une adolescente des années 1990, adulte en devenir, qui s’imagine bientôt pouvoir quitter sa banlieue pavillonnaire pour la capitale. Grande Couronne dessine ainsi le parcours de cette jeune femme aspirant à plus que la vie qu’elle mène, puisque encore tributaire des choix de ses parents. Dans l’espoir de pouvoir s’en émanciper, cette dernière intègre une organisation secrète du nom des « Magritte » au sein de son collège.
Grande Couronne de

Titre | Grande Couronne |
Auteure | Salomé Kiner |
Éditeur | Christian Bourgois |
Collection | Littérature française |
ISBN13 | 9782267044522 |
ISBN10 | 2267044528 |
Date de parution | 19 août 2021 |
Prix prévisionnel | 18,50 € |
Nombre de pages | 288 |
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Elle a des rêves plein la tête : quitter sa banlieue pavillonnaire, devenir hôtesse de l’air ou avocate, et, le plus urgent, s’acheter des fringues de marque. Elle, c’est la narratrice, une adolescente de la fin des années 1990. Elle regarde passer les RER en partance pour Paris pour oublier que sa famille se disloque. Pour gagner de l’argent de poche, elle va rejoindre avec ses amies une organisation clandestine au collège, les « Magritte ».
L’adolescence est guidée par des désirs aussi irrépressibles qu’irrationnels. Jusqu’où ira-t-elle pour faire comme les autres ? En une année, tout va être chamboulé, entre découverte de la sexualité et apprentissage des efforts nécessaires pour aimer quand rien ne paraît aimable. Elle va devenir responsable, et peut-être même adulte, un apprentissage qui ne sera pas de tout repos. Mais après tout, elle a des armes redoutables : une énergie sans pareille et un humour ravageur.
Grande Couronne, c’est le portrait d’une jeune fille pas comme les autres, un Momo d’Emile Ajar revisité par Virginie Despentes. Salomé Kiner explore les contradictions qui régissent nos vies quand nos rêves les habitent.
Une rentrée étrangère
Au sein de son ouvrage, très attendu, intitulé Dans la maison rêvée, Carmen Maria Machado, également auteure de Son corps et autres célébrations (L’Olivier, 2019), décrit de manière incisive la relation abusive, complexe, qu’elle a vécue avec une autre femme. Elle écrit, surtout, sur la souffrance que l’on tolère, la souffrance que l’on ignore pour l’idée d’aimer ou être aimé.e. Ce mémoire fait de l’auteure, traduite ici par Hélène Cohen, la récipiendaire du Rathbones Folio Prize 2021 et du Lambda Literary Award for LGBTQ Nonfiction 2020.
Natalia García Freire, écrivaine équatorienne née en 1991, est l’auteure d’un premier roman intitulé Nuestra piel muerta dans sa langue originelle. Mortepeau, ainsi traduit par Isabelle Gugnon, illustre le retour de Lucas au sein de sa maison familiale où deux étrangers, Felisberto et Eloy, résident maintenant. Lucas, tout le long du roman, s’adresse, inflexible, à son père décédé, dans un ton à la fois proche du reproche et de l’invocation. Natalia García Freire explore de cette manière la déliquescence d’une famille à travers une langue originale, poétique.
Dans L’Autre Nom : Septologie I-II, Jon Fosse, écrivain et poète norvégien traduit ici par Jean-Baptiste Coursaud, offre un roman dont la structure littéraire est détonnante. Son personnage principal, Asle, est un peintre vivant reclus sur la côte norvégienne. Opposé à lui, de l’autre côté de Bjørgvin, vit un autre Asle, lui aussi peintre mais terriblement esseulé et alcoolique. Ce dernier est en quelque sorte le double du premier, un Asle ayant opté pour des choix plus obscurs. Alors le premier homme se met en tête d’aider le second…
Dans la maison rêvée de

Titre | Dans la maison rêvée |
Titre original | In the Dream House |
Auteure | Carmen Maria Machado |
Traductrice | Hélène Cohen |
Éditeur | Christian Bourgois |
Collection | Littérature étrangère |
ISBN13 | 9782267043075 |
ISBN10 | 2267043076 |
Date de parution | 19 août 2021 |
Prix prévisionnel | 23,50 € |
Nombre de pages | 384 |
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Pourquoi certains récits sont-ils consignés par l’Histoire plutôt que d’autres ? En quoi permettent-ils d’y voir plus clair dans nos vies ? Comprendre une histoire, voilà ce que Carmen Maria Machado a cherché à faire – une histoire d’amour intense qu’elle a vécue avec une femme, et qui s’est révélée faite d’emprise et de brutalité. Mais comment analyser son expérience sans récits antérieurs auxquels se raccrocher ? Il n’existe en effet que peu d’archives queer, et presque pas de témoignages homosexuels sur la violence conjugale : quand on nous assigne le rôle de monstre, on hésite souvent à nuire à sa communauté en parlant ouvertement.
En surface, Dans la maison rêvée pourrait être considéré comme un témoignage. En profondeur, c’est un récit incisif, minutieux, et furieusement innovant : pour donner forme à ce qu’elle a vécu, Carmen Maria Machado s’approprie les codes des genres littéraires, la pop culture et interroge la force des mythologies dans lesquelles nous baignons, qu’elles proviennent de Disney, de Star Trek ou des contes de fées. Rien n’est plus romanesque qu’une vie, semble-t-elle nous dire. Et parfois, celles-ci sont des romans d’aventure, d’épouvante ou mêmes des livres dont vous êtes le héros. Un texte qui brise un tabou et fait l’effet d’une détonation.
Mortepeau de

Titre | Mortepeau |
Titre original | Nuestra piel muerta |
Auteure | Natalia García Freire |
Traductrice | Isabelle Gugnon |
Éditeur | Christian Bourgois |
Collection | Littérature étrangère |
ISBN13 | 9782267044621 |
ISBN10 | 2267044625 |
Date de parution | 2 septembre 2021 |
Prix prévisionnel | 20,50 € |
Nombre de pages | 160 |
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Mortepeau est un conte noir. Lucas, un jeune homme, s’adresse à son père décédé et enterré dans le jardin familial. Quelques années plus tôt, il était luxuriant et entretenu par Josephina, sa mère passionnée de botanique. Dorénavant, il n’est plus que mauvaises herbes et désolation. S’ils en sont arrivés là, c’est à cause de deux intrus invités par son père dans la maison, bouleversant l’équilibre de la famille et la précipitant vers sa fin.
Récit de la chute et de la décadence d’une famille, Mortepeauest un roman qui sent la terre humide, la pourriture et les fleurs séchées. Une histoire sombre où les liens se défont, où l’on vit dans la claustration et la crainte, où l’amour filial est comme les corps voué à se décomposer. Ses pages sont aussi pleines de ses insectes qui unissent les hommes à la terre et qui passionnent le narrateur. Car dans ce monde de l’infiniment petit, les chrysalides sont autant de promesses, et l’on meurt parfois pour mieux renaître à un monde nouveau.
Avec Mortepeau, Natalia García Freire nous offre un premier roman gothique qui n’est pas sans rappeler Shirley Jackson ou Daphné du Maurier. Elle y sonde de sombres dynamiques de pouvoir dans une langue envoûtante, proche de la prose poétique – dans un univers qui n’appartient qu’à elle.
L’Autre Nom : Septologie I-II de

Titre | L’Autre Nom : Septologie I-II |
Titre original | Det andre namnet : Septologien I-II |
Auteur | Jon Fosse |
Traducteur | Jean-Baptiste Coursaud |
Éditeur | Christian Bourgois |
Collection | Littérature étrangère |
ISBN13 | 9782267044713 |
ISBN10 | 2267044714 |
Date de parution | 30 septembre 2021 |
Prix prévisionnel | 23,50 € |
Nombre de pages | 428 |
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Pourquoi sommes-nous qui nous sommes ? Pourquoi menons-nous notre vie et pas celle d’un autre ?
Nous sommes sur la côte sud-ouest de la Norvège, et l’année touche à sa fin. Asle, un peintre veuf mène une vie assez recluse : ses deux amis sont son voisin, Asleik, un pêcheur traditionnel, et Beyer, son galeriste qui vit dans la grande ville d’à côté, Bjørgvin. C’est également là-bas qu’habite un autre homme du nom de Asle. Lui aussi est peintre, mais vit dans la solitude la plus complète, et est alcoolique au point d’y perdre la santé. En un sens, ce deuxième Asle ressemble à ce qu’aurait pu devenir le premier s’il n’avait pas trouvé une façon d’habiter le monde en se tournant vers la lumière plutôt que les ténèbres. Pour une raison ou pour une autre, Asle entend ramener son homonyme du côté des vivants.
L’Autre Nom se déroule sur quelques heures de la vie d’un homme confronté aux grandes questions de l’existence : le deuil, la mort, les silences qui nous lient ou nous éloignent les uns des autres.Écrit dans une langue hypnotique et musicale capable d’exprimer les fluctuations les plus subtiles de la conscience, c’est un grand texte qui explore la façon dont nous luttons tous pour garder l’espoir et la foi dans un monde sans transcendance.
Une lutte de tous temps
Ainsi les quatre ouvrages sélectionnés pour la rentrée littéraire des éditions Christian Bourgois montrent chacun à leur façon la lutte d’un.e protagoniste pour s’en sortir dans l’adversité, face à l’enclos familial, au carcan d’une relation ou la contrainte sociétale.