Les éditions Globe proposent en cette rentrée littéraire 2022 quatre ouvrages d’expressions française, anglaise et espagnole. On y retrouve parmi eux trois premiers romans, ceux d’Anthony Passeron, Priya Hein et Belén López Peiró.
Une rentrée française
La rentrée dite française des éditions Globe donne l’occasion à ses lecteur·rices d’explorer singulièrement la mémoire familiale. Anthony Passeron part ainsi de ses souvenirs de jeunesse pour conter l’histoire de son oncle qu’il fait communiquer avec l’histoire de l’apparition du sida dans l’arrière-pays niçois. Notons ici que son roman inaugure le catalogue de littérature française de la structure éditoriale.
Les Enfants endormis d’

Titre | Les Enfants endormis |
Auteur | Anthony Passeron |
Éditeur | Globe |
ISBN13 | 9782383611202 |
ISBN10 | 2383611204 |
Date de parution | 25 août 2022 |
Prix prévisionnel | 20,00 € |
Nombre de pages | 288 |
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« Écrire. C’était la seule solution pour que l’histoire de mon oncle, l’histoire de ma famille, ne disparaissent pas avec eux, avec le village. Pour leur montrer que la vie de Désiré s’était inscrite dans le chaos du monde, un chaos de faits historiques, géographies et sociaux. Et les aider à se défaire de la peine, à sortir de la solitude dans laquelle le chagrin et la honte les avaient plongés. »
Quarante ans après la mort de son oncle Désiré, Anthony Passeron décide d’interroger le passé familial. Évoquant l’ascension de ses grands-parents devenus bouchers pendant les Trente Glorieuses, puis le fossé grandissant apparu entre eux et la génération de leurs enfants, il croise deux histoires : celle de l’apparition du sida dans une famille de l’arrière-pays niçois – la sienne – et celle de la lutte contre la maladie dans les hôpitaux français et américains. En mêlant enquête sociologique et histoire intime, Anthony Passeron évoque, dans ce premier roman de filiation, la solitude des familles à une époque où la méconnaissance du virus était totale, le déni écrasant, et le malade considéré comme un paria.
Une rentrée étrangère
La rentrée dite étrangère des éditions Globe permet à ses lecteur·rices de remonter le temps à travers des ouvrages originaux d’expressions anglaise et espagnole.
Ainsi Priya Hein, traduite par Haddiyyah Tegally et elle-même, invite sa protagoniste principale à s’emparer de son histoire familiale et se confronter au terrible legs de l’esclavage en son île. Belén López Peiró, traduite par Lise Belperron, choisit la voie de la littérature pour exposer les violences sexuelles dont elle a été victime adolescente : elle crée, partant de cette expérience inqualifiable, un roman polyphonique, politique, féministe, détonant. Natalie Diaz, traduite par Marguerite Capelle, permet à Globe d’étoffer son catalogue de poésie avec un recueil traitant des blessures encore ouvertes de la communauté amérindienne aux États-Unis, des blessures que la poétesse souhaiterait voir reconnues, embrassées, considérées avec une certaine affection.
Riambel de

Titre | Riambel |
Titre original | Riambel |
Auteure | Priya Hein |
Traductrices | Priya Hein ⋅ Haddiyyah Tegally |
Éditeur | Globe |
ISBN13 | 9782383611400 |
ISBN10 | 2383611409 |
Date de parution | 1 septembre 2022 |
Prix prévisionnel | 22,00 € |
Nombre de pages | 256 |
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« Je suis l’arrière-petite-fille issue d’un viol de plantation. Mon noir-d’ébène-légèrement-plus-clair présente une nuance. Je suis la fille d’esclaves créoles et de quelque chose de bien plus sinistre. Une lignée de domestiques et de maîtres blancs qui maltraitaient leurs travailleurs. »
Riambel, île Maurice. Derrière les plages de sable fin, c’est dans le bidonville qu’on appelle Africa Town que Noémie grandit. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, sa mère a toujours travaillé comme domestique dans l’une de ces maisons de l’autre côté de la route, au service d’une famille de Mauriciens blancs, les Grandbourg. Par une succession de vignettes, Priya Hein évoque une adolescence passée à la frontière entre deux mondes : celui des créoles du bidonville et des ti lakaz, et celui des Blancs qui habitent les maisons de maître. Lorsque Noémie est à son tour amenée à travailler chez les Grandbourg, à l’aube de ses seize ans, elle effleure pour la première fois un monde auquel elle n’appartiendra jamais, où elle se brûlera les ailes. L’histoire ne se répète pas, elle bégaie. Cent cinquante ans après l’abolition de l’esclave, Priya Hein en explore l’héritage dévastateur dans une langue aussi brûlante que ciselée.
Pourquoi tu revenais tous les étés de

Titre | Pourquoi tu revenais tous les étés |
Titre original | Por qué volvías cada verano |
Auteure | Belén López Peiró |
Traductrice | Lise Belperron |
Éditeur | Globe |
ISBN13 | 9782383611257 |
ISBN10 | 2383611255 |
Date de parution | 1 septembre 2022 |
Prix prévisionnel | 22,00 € |
Nombre de pages | 192 |
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« Alors, pourquoi tu revenais tous les étés ? Tu aimes souffrir ? Pourquoi tu ne restais pas chez toi ? Là-bas, à Buenos Aires, à crever de chaud. Ah. Non. Bien sûr que tu ne pouvais pas, il n’y avait personne pour s’occuper de toi. Raison de plus alors. Nous on t’aide, on t’offre une famille, et tu nous fais ce coup-là. »
Adolescente, Belén López Peiró a été abusée régulièrement par son oncle policier. Des années plus tard, elle décide de sortir du silence et de porter plainte, au risque de faire exploser sa famille. Ce livre est le récit de cette déflagration. Tour à tour, chacun s’adresse à Belén, l’accuse, la console, l’humilie, l’insulte, prend son parti, remet sa parole en question, parfois interrompu par la langue aride des actes judiciaires – dépôts de plaine, témoignages, entretiens avec les avocats. À travers cette polyphonie dont elle le centre, Belén López Peiró fait comprendre ce qu’il en coûte d’ouvrir la bouche quand on est une femme en Amérique latine. Car derrière tout agresseur peut se dresser un système qui garantit le silence des victimes, l’impunité des coupables de la perpétuation des violences sexuelles. Un cri de rage, un coup de poing, aussi court que cru, aussi bouleversant qu’efficace.
Poème d’amour post-colonial de

Titre | Poème d’amour post-colonial |
Titre original | Postcolonial Love Poem |
Auteure | Natalie Diaz |
Traductrice | Marguerite Capelle |
Éditeur | Globe |
ISBN13 | 9782383611455 |
ISBN10 | 238361145X |
Date de parution | 15 septembre 2022 |
Prix prévisionnel | 18,00 € |
Nombre de pages | 240 |
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« Je fais de mon mieux pour ne pas devenir un musée
de moi-même. Je fais de mon mieux pour inspirer, expirer.
Je supplie : Laissez-moi être isolée mais pas invisible. »
Ce recueil est un hymne au désir. Natalie Diaz célèbre les corps blessés par l’Amérique – corps de femmes, corps indigènes, corps marginalisés – pour transformer la douleur en tendresse. « Permets-moi de nommer mon angoisse : désir, alors. Permets-moi de la nommer : un jardin. »
Contre la disparition de son peuple, contre son oubli dans les marges de l’Histoire, Natalie Diaz s’élève. Pour lutter contre le désespoir, elle fait le choix le plus radical qui soit : elle choisit l’amour. Chaque poème crie : nous sommes là, nous existons, nous aimons.
Mémoire, confrontation, reconstruction
La rentrée littéraire 2022 des éditions Globe nous mène en somme à la découverte d’ouvrages interrogeant le passé pour mieux comprendre le présent, pour mieux appréhender les contours du silence et délivrer la parole.