De nombreux écrivains puisent leur inspiration dans ce qu’ils ont connu de près. C’est le cas, parmi tant d’autres, de Mohammed Aïssaoui en cette rentrée littéraire 2020. Mohammed Aïssaoui naît et grandit en Algérie. À l’âge de « neuf ans et demi », il quitte son pays natal pour la France afin d’y rejoindre son père, accompagné de sa mère et ses sœurs. Il parle de cette expérience singulière comme d’un « choc » ayant « [fait] sauter [ses] plus beaux souvenirs : ceux de l’enfance insouciante »[1]. Il s’inspire surtout de ce vécu pour construire la psyché du personnage principal des Funambules, texte paru dans la collection « Blanche » des éditions Gallimard. Le romancier s’intéresse particulièrement céans au quotidien difficile des personnes ayant peu de revenus, des … Continuer la lecture de « Les Funambules de Mohammed Aïssaoui, un équilibre difficile sur le fil ténu de la vie »
Première sélection du prix Libraires en Seine 2021
La première sélection du prix Libraires en Seine 2021 se compose de trente-six titres.
- Bénie soit Sixtine de Maylis Adhémar
- Les Funambules de Mohammed Aïssaoui
- Porc braisé d’An Yu, traduction de Carine Chichereau
- L’Autre Moitié de soi de Brit Bennett, traduction de Karine Lalechère
- Trois jours dans la vie de Paul Cézanne de Mika Biermann
- Ce qu’ici-bas nous sommes de Jean-Marie Blas de Roblès
- Héritage de Miguel Bonnefoy
- Mémoire de soie d’Adrien Borne
- L’Homme sauvage de Frédéric Boutet
- Buveurs de vent de Franck Bouysse
- La Fille du chasse-neige de Fabrice Capizzano
- Le Détour de Luce D’Eramo, traduction de Corinne Lucas Fiorato
- Vladivostok Circus d’Elisa Shua Dusapin
- Le Lièvre d’Amérique de Mireille Gagné
- La Discrétion de Faïza Guène
- La Cuillère de Dany Héricourt
- Aria de Nazanine Hozar, traduction de Marc Amfreville
- Chavirer de Lola Lafon
- Histoire du fils de Marie-Hélène Lafon
- L’Autre Rimbaud de David Le Bailly
- La Tannerie de Celia Levi
- Ce que je ne veux pas savoir de Deborah Levy, traduction de Céline Leroy
- Un jour ce sera vide d’Hugo Lindenberg
- Carnaval d’Hector Mathis
- Apeirogon de Colum McCann, traduction de Clément Baude
- Betty de Tiffany McDaniel, traduction de François Happe
- Les Graciées de Kiran Millwood Hargrave, traduction de Sarah Tardy
- Soleil de cendres d’Astrid Monet
- Entre fauves de Colin Niel
- Apprendre à parler avec les plantes de Marta Orriols, traduction d’Eric Reyes Roher
- Là où chantent les écrevisses de Delia Owens, traduction de Marc Amfreville
- La Chambre des dupes de Camille Pascal
- Ce qu’il faut de nuit de Laurent Petitmangin
- Les Lettres d’Esther de Cécile Pivot
- Elle a menti pour les ailes de Francesca Serra
- La Géante de Laurence Vilaine
Héritage de Miguel Bonnefoy, un siècle de migrations
Miguel Bonnefoy s’intéresse particulièrement aux notions de migration, d’héritage et de transmission dans ses écrits. Il compose à cet égard une œuvre littéraire singulière dans laquelle on retrouve ces thématiques qui lui sont chères : ses deux premiers romans – Le Voyage d’Octavio (Rivages, 2015) et Sucre noir (Rivages, 2017) – illustrent chacun à leur façon la richesse de ses réflexions sur le patrimoine culturel d’un peuple et sa mémoire. Ainsi l’écrivain poursuit en cette rentrée automnale 2020 ses explorations littéraires à travers l’histoire réinventée de son trisaïeul paternel, tavernier français ayant immigré au Chili en quête de meilleurs lendemains. Héritage constitue de la sorte un roman contemporain, aux multiples « héros » confrontés à l’Histoire. Ce texte, empreint de réalisme magique, est construit … Continuer la lecture de « Héritage de Miguel Bonnefoy, un siècle de migrations »
Chavirer de Lola Lafon, ne plus être en équilibre et basculer…
Lola Lafon s’intéresse dans ses écrits aux notions de viol et de consentement ; elle explore notamment ces questions dans ses romans Une fièvre impossible à négocier[1] et Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce[2]. En cette rentrée automnale 2020, l’écrivaine revient ainsi sur le devant de la scène littéraire avec un nouvel ouvrage embrassant ces sujets intitulé Chavirer. Fine connaisseuse des milieux artistiques – elle-même musicienne, chanteuse et danseuse, de classique et contemporain, depuis son plus jeune âge[3] –, Lola Lafon révèle l’envers des décors pailletés au moyen d’une anti-héroïne victime d’un engrenage inqualifiable. Cette femme, que l’on suit de son adolescence à l’âge mûr, est observée sous le prisme de nombreux autres personnages, des êtres singuliers par lesquels … Continuer la lecture de « Chavirer de Lola Lafon, ne plus être en équilibre et basculer… »
Histoire du fils de Marie-Hélène Lafon, une mosaïque d’émotions
Écrivaine française née en 1962, Marie-Hélène Lafon compose une œuvre littéraire singulière dont on ne peut nier la littérarité. Cette romancière, nouvelliste et essayiste prête en effet une grande attention à la linguistique et peaufine soigneusement l’esthétique de ses textes. C’est nul doute une des raisons pour lesquelles elle choisit en tant qu’épigraphe de son dixième roman intitulé Histoire du fils une citation de Valère Novarina sur l’écriture comme matière organique, malléable : « Le langage est notre sol, notre chair. Je me représente toujours le chantier comme un creux, une ouverture du sol, et l’avancée d’un texte, sa progression, comme une marche en montagne. » Marie-Hélène Lafon explore dans ce dernier roman les silences et non-dits d’une famille au moyen d’une énonciation fragmentée, mêlant le … Continuer la lecture de « Histoire du fils de Marie-Hélène Lafon, une mosaïque d’émotions »
Un jour ce sera vide d’Hugo Lindenberg, ou la futilité de toute chose
Un jour ce sera vide porte en épigraphe la citation suivante de Nathalie Sarraute : « Ce bruit soudain de l’eau dans ce silence suspendu, ce serait comme un signal […]. »[1] Si Hugo Lindenberg choisit cette phrase tirée du cinquième tableau de Tropismes[2] en tant que paratexte de son roman, c’est qu’elle coïncide parfaitement avec son projet d’écriture. Le primo-romancier crée ici un univers dans lequel de nombreux éléments de ce tableau apparaissent en tant que motifs de son œuvre ; parmi eux, le vide, le silence, le « froid soudain » et les méduses. Il reprend en outre des marqueurs importants du texte de Sarraute au sein de son intrigue, comme la temporalité estivale, ce dégoût indicible provoqué par une manifestation extérieure à soi et la présence … Continuer la lecture de « Un jour ce sera vide d’Hugo Lindenberg, ou la futilité de toute chose »
Carnaval d’Hector Mathis, des personnages hauts en couleur dans la « grisâtre »
Écrivain français né en 1993, Hector Mathis grandit en banlieue parisienne et développe une véritable passion pour la musique et la littérature. Il compose des paroles de chansons, puis s’essaie à l’écriture littéraire alors qu’on lui diagnostique une maladie chronique le contraignant, à vingt-deux ans, à repenser son avenir. Il propose ainsi un premier roman intitulé K.O.[1] dans lequel le personnage principal, Sitam – dont le prénom n’est autre que le verlan de « Mathis » –, pris d’un élan fou pour la littérature et le jazz, tombe amoureux de la môme Capu dans un Paris déconstruit, dans une banlieue en ébullition. Hector Mathis reprend l’existence de ce même protagoniste au sein de Carnaval, un roman paru en cette rentrée automnale 2020 aux éditions … Continuer la lecture de « Carnaval d’Hector Mathis, des personnages hauts en couleur dans la « grisâtre » »
Là où chantent les écrevisses de Delia Owens, une loi animale
Écrivaine et biologiste également diplômée en zoologie et en éthologie, Delia Owens exerce près de vingt années en tant que chercheuse-naturaliste en Afrique, notamment dans le désert du Kalahari au Botswana. Elle s’inspire ainsi librement de ses observations en milieu naturel pour conférer à son premier roman, intitulé Là où chantent les écrevisses dans l’édition française et traduit de l’anglais par Marc Amfreville, son atmosphère si particulière. Elle y conte du reste les aventures d’une jeune fille qui grandit dans les marais et les circonstances d’une disparition invraisemblable, et décrit avec méticulosité les mondes animal et végétal. Deux temporalités distinctes 1952. Kya Clark, six ans, est la benjamine d’une fratrie de cinq enfants. Elle vit parmi les sien·nes dans une cabane en … Continuer la lecture de « Là où chantent les écrevisses de Delia Owens, une loi animale »