Dima Abdallah est une écrivaine franco-libanaise née au Liban en 1977, installée en France dès 1989, l’année de ses douze ans. Son parcours singulier, terreau d’une culture métissée, n’est pas sans rappeler celui de l’héroïne principale de son premier roman intitulé Mauvaises herbes. La jeune fille, puis femme, que l’on suit de ses six ans à l’âge adulte, connaît les heures les plus sombres de son pays natal avant de s’envoler pour Paris elle aussi, laissant derrière elle son père. Un dialogue rompu Mauvaises herbes commence ainsi en 1983 à Beyrouth. La narratrice première de l’histoire est une fillette entourée de ses condisciples à l’école. Au loin, les détonations se font entendre : d’abord tout doucement, tel un bruit de fond ; puis … Continuer la lecture de « Mauvaises herbes de Dima Abdallah, s’épanouir dans l’adversité »
Première sélection du prix du Roman Fnac 2020
La première sélection du prix du Roman Fnac 2020 se compose de trente titres.
- Mauvaises herbes de Dima Abdallah
- Rachel et les siens de Metin Arditi
- Cinq dans tes yeux d’Hadrien Bels
- L’Autre Moitié de soi de Brit Bennett, traduction de Karine Lalechère
- Héritage de Miguel Bonnefoy
- Mémoire de soie d’Adrien Borne
- Buveurs de vent de Franck Bouysse
- Saturne de Sarah Chiche
- American Dirt de Jeanine Cummins, traduction de Françoise Adelstain et Christine Auché
- La Cuillère de Dany Héricourt
- Nature humaine de Serge Joncour
- Chavirer de Lola Lafon
- Histoire du fils de Marie-Hélène Lafon
- Fille de Camille Laurens
- L’Anomalie d’Hervé Le Tellier
- Avant les diamants de Dominique Maisons
- Le Dit du Mistral d’Olivier Mak-Bouchard
- Requiem pour une apache de Gilles Marchand
- Histoires de la nuit de Laurent Mauvignier
- Apeirogon de Colum McCann, traduction de Clément Baude
- Betty de Tiffany McDaniel, traduction de François Happe
- Les Graciées de Kiran Millwood Hargrave, traduction de Sarah Tardy
- Ce qu’il faut de nuit de Laurent Petitmangin
- Les Lettres d’Esther de Cécile Pivot
- Là d’où je viens a disparu de Guillaume Poix
- Le Fil rompu de Céline Spierer
- La Fièvre de Sébastien Spitzer
- Patagonie 203 d’Eduardo Fernando Varela, traduction de François Gaudry
- La Géante de Laurence Vilaine
- Nickel Boys de Colson Whitehead, traduction de Charles Recoursé
Héritage de Miguel Bonnefoy, un siècle de migrations
Miguel Bonnefoy s’intéresse particulièrement aux notions de migration, d’héritage et de transmission dans ses écrits. Il compose à cet égard une œuvre littéraire singulière dans laquelle on retrouve ces thématiques qui lui sont chères : ses deux premiers romans – Le Voyage d’Octavio (Rivages, 2015) et Sucre noir (Rivages, 2017) – illustrent chacun à leur façon la richesse de ses réflexions sur le patrimoine culturel d’un peuple et sa mémoire. Ainsi l’écrivain poursuit en cette rentrée automnale 2020 ses explorations littéraires à travers l’histoire réinventée de son trisaïeul paternel, tavernier français ayant immigré au Chili en quête de meilleurs lendemains. Héritage constitue de la sorte un roman contemporain, aux multiples « héros » confrontés à l’Histoire. Ce texte, empreint de réalisme magique, est construit … Continuer la lecture de « Héritage de Miguel Bonnefoy, un siècle de migrations »
Chavirer de Lola Lafon, ne plus être en équilibre et basculer…
Lola Lafon s’intéresse dans ses écrits aux notions de viol et de consentement ; elle explore notamment ces questions dans ses romans Une fièvre impossible à négocier[1] et Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce[2]. En cette rentrée automnale 2020, l’écrivaine revient ainsi sur le devant de la scène littéraire avec un nouvel ouvrage embrassant ces sujets intitulé Chavirer. Fine connaisseuse des milieux artistiques – elle-même musicienne, chanteuse et danseuse, de classique et contemporain, depuis son plus jeune âge[3] –, Lola Lafon révèle l’envers des décors pailletés au moyen d’une anti-héroïne victime d’un engrenage inqualifiable. Cette femme, que l’on suit de son adolescence à l’âge mûr, est observée sous le prisme de nombreux autres personnages, des êtres singuliers par lesquels … Continuer la lecture de « Chavirer de Lola Lafon, ne plus être en équilibre et basculer… »
Histoire du fils de Marie-Hélène Lafon, une mosaïque d’émotions
Écrivaine française née en 1962, Marie-Hélène Lafon compose une œuvre littéraire singulière dont on ne peut nier la littérarité. Cette romancière, nouvelliste et essayiste prête en effet une grande attention à la linguistique et peaufine soigneusement l’esthétique de ses textes. C’est nul doute une des raisons pour lesquelles elle choisit en tant qu’épigraphe de son dixième roman intitulé Histoire du fils une citation de Valère Novarina sur l’écriture comme matière organique, malléable : « Le langage est notre sol, notre chair. Je me représente toujours le chantier comme un creux, une ouverture du sol, et l’avancée d’un texte, sa progression, comme une marche en montagne. » Marie-Hélène Lafon explore dans ce dernier roman les silences et non-dits d’une famille au moyen d’une énonciation fragmentée, mêlant le … Continuer la lecture de « Histoire du fils de Marie-Hélène Lafon, une mosaïque d’émotions »
L’Anomalie d’Hervé Le Tellier, ou l’existence de l’univers remise en question
Membre de l’Oulipo depuis 1992 et président de cet atelier littéraire depuis 2019, Hervé Le Tellier est un fervent défenseur des littératures dites « à contraintes ». Il en fait son art de prédilection, et nombreux de ses ouvrages publiés sont le résultat de ses expérimentations – c’est le cas, par exemple, de Joconde jusqu’à cent (Le Castor astral, 1998), La Chapelle Sextine (L’Estuaire, 2005) et Les amnésiques n’ont rien vécu d’inoubliable (Le Castor astral, 2008). Avec L’Anomalie, paru à l’occasion de la rentrée littéraire 2020 aux éditions Gallimard, Hervé Le Tellier offre une œuvre qui s’auto-référence de manière réflexive, une sorte de méta-œuvre. Son roman se décrit en effet lui-même : son titre, son épigraphe, ses observations, annoncent déjà une certaine étrangeté qui, on le … Continuer la lecture de « L’Anomalie d’Hervé Le Tellier, ou l’existence de l’univers remise en question »