Toni Morrison s’interroge en son deuxième roman intitulé Sula sur le devenir possible de toute femme noire qui évoluerait en marge des attentes implicites et/ou explicites de la société à son égard et sur les conséquences de son individualisme dans une communauté pourtant tout aussi individualiste. La romancière nous propose en effet de contempler ici l’existence d’une femme libre, insoumise aux injonctions des autres ; une « hors-la-loi » mécomprise, considérée en paria pour ses agissements dits masculins ; une Africaine Américaine rebelle, désireuse d’exister faisant abstraction des règles qui lui sont dictées en raison de sa race et son genre ; une amante éhontée, qui se choisirait elle en toute situation, en dépit aussi d’une amitié féminine qui lui est chère. Pour ce faire, elle … Continuer la lecture de « Sula de Toni Morrison, une existence noire, féminine, en dehors des « autres » »
Aliénation
Le Cœur à rire et à pleurer de Maryse Condé, les « contes vrais » d’une enfance guadeloupéenne
Écrivaine de renom née au mitan des années 1930, Maryse Condé n’a cessé tout au long de son œuvre littéraire de dessiner le portrait sociétal des Antilles françaises. Ses textes à caractère autobiographique, notamment Le Cœur à rire et à pleurer : Contes vrais de mon enfance[1], La Vie sans fards[2] et Mets et Merveilles[3], sont particulièrement révélateurs des divisions économiques, sociales et raciales existant en Guadeloupe au cours du XXe siècle. Le premier d’entre eux, Le Cœur à rire et à pleurer, publié dans son édition princeps au sein du catalogue des éditions Robert Laffont, pose un regard singulier sur cet archipel caribéen pendant les années 1940 et 1950 où Maryse Condé, née Maryse Boucolon, grandit entourée des siens, la dernière … Continuer la lecture de « Le Cœur à rire et à pleurer de Maryse Condé, les « contes vrais » d’une enfance guadeloupéenne »