De toutes les époques et en tous lieux, la nuit émerveille pour son caractère énigmatique. Dans la mythologie grecque, elle porte le nom de Nyx : c’est la déesse des ténèbres, mère de divinités bienfaitrices comme le Jour, la Prudence, le Sommeil et les Songes, et de divinités pernicieuses comme la Ruse, le Sort, la Discorde et la Mort ; elle est ainsi à la fois source de fascination et de crainte. S’il est question de contes créoles, la nuit joue le rôle de chef d’orchestre : c’est d’abord le moment choisi par les conteur·se·s pour énoncer leurs histoires, certain·e·s de l’impact qu’elles auront alors sur l’imaginaire de leurs allocutaires ; c’est aussi l’enveloppe enchanteresse durant laquelle êtres magiques et maléfiques dévoilent leur emprise … Continuer la lecture de « Nuit d’épine de Christiane Taubira, une nuit enchanteresse »
Politique
Selon le dictionnaire de l’Académie française, la politique est « l’ensemble des principes d’action d’un État ou d’un gouvernement, qui détermine des objectifs, de manière générale ou dans des domaines particuliers, et décide des moyens à mettre en œuvre pour les atteindre ».
« What difference does it make to the dead, the orphans and the homeless, whether the mad destruction is wrought under the name of totalitarianism or in the holy name of liberty or democracy? » – Gandhi
Sabre d’Emmanuel Ruben, une légende familiale
Emmanuel Ruben est agrégé – et véritable passionné – de géographie. Il sillonne ainsi, « repérant les lieux, rencontrant les hommes et dessinant ses trajets »[1], moult pays d’Europe de l’Est et du Proche-Orient. Ses ouvrages témoignent de son affection pour le voyage et le dépaysement, de son observation attentive de l’environnement naturel, de son analyse méticuleuse des répercussions de la Grande Histoire sur l’expérience humaine contemporaine. Son cinquième roman intitulé Sabre, paru au cours de la rentrée littéraire automnale de 2020, ne déroge donc pas, d’un point de vue intellectuel, à cette entreprise littéraire singulière. Il ouvre d’ailleurs une série d’ouvrages dont le deuxième tome s’intitulera Chandelier[2]. Une quête de savoir Emmanuel Ruben redonne en ce texte vie à son personnage nommé Samuel Vidouble. … Continuer la lecture de « Sabre d’Emmanuel Ruben, une légende familiale »
Cahier d’un art de vivre : Cuba, 1964-1978 de René Depestre, une intimité révélée
René Depestre est un homme d’exil. À moult reprises au cours de sa vie, l’illustre écrivain haïtien est contraint de quitter le lieu où il a élu domicile. Il habite toutefois près de vingt années consécutives à Cuba, île aux idées révolutionnaires qui lui fournit, à l’heure de ses balbutiements quant à la politique castriste, un environnement à la fois inspirant et enrichissant. René Depestre commence ainsi en 1964, alors qu’il vit à Cuba depuis cinq ans, un journal de ses réflexions variées et autres pérégrinations poétiques. Ces notes, retrouvées dans le Fonds René Depestre de la BFM de Limoges, sont rassemblées aujourd’hui dans un ouvrage inédit intitulé Cahier d’un art de vivre : Cuba 1964-1978, un document publié au mois de novembre 2020 … Continuer la lecture de « Cahier d’un art de vivre : Cuba, 1964-1978 de René Depestre, une intimité révélée »
Ne m’appelle pas Capitaine de Lyonel Trouillot, deux mondes dissonants en un même lieu
Dans un article de Joseph Chanoine Charles publié en 2011 dans Le Matin Haïti et intitulé Lyonel Trouillot : la littérature comme arme de combat[1], Lyonel Trouillot, écrivain, professeur de littérature et journaliste haïtien d’expression française et créole né en 1956, est dépeint comme ayant « grandi dans le milieu de la classe moyenne et vécu relativement protégé des laideurs des misères haïtiennes ». On découvre ainsi l’existence d’un gouffre social entre les classes aisées d’Haïti et la communauté locale la plus démunie. Intéressé par le possible dialogue de ces deux ensembles d’individus, Lyonel Trouillot compose en 2018 un texte au titre énigmatique pour les éditions Actes Sud. Ne m’appelle pas Capitaine, ainsi paru dans la collection « Domaine français » de cette maison d’édition, analyse … Continuer la lecture de « Ne m’appelle pas Capitaine de Lyonel Trouillot, deux mondes dissonants en un même lieu »
Un peu de nuit en plein jour d’Erik L’Homme, une poésie sur l’obscurité de notre société
Un peu de nuit en plein jour, texte composé telle une fable en regard avec notre société actuelle par le romancier et journaliste français Erik L’Homme, propose un univers singulier : ici se dévoile un monde à mi-chemin entre violence et poésie, dans lequel noirceur et lumière s’opposent. Dans ce sombre Paris, Féral, un des « anciens », un des rares à se souvenir des temps lumineux passés, combat jour après jour à mains nues… jusqu’au moment où son destin croise celui de Livie. Un monde d’obscurité Féral, Livie et leurs contemporains évoluent dans un monde envahi par une obscurité perpétuelle. Ils ne connaissent pas le bonheur de voir s’épanouir les plantes ; il leur est impossible de profiter pleinement de la nature. Cette terre … Continuer la lecture de « Un peu de nuit en plein jour d’Erik L’Homme, une poésie sur l’obscurité de notre société »
Qui a tué mon père d’Édouard Louis, un pamphlet percutant
Après la parution de ses deux premiers récits à caractère autobiographique En finir avec Eddy Bellegueule et Histoire de la violence, Édouard Louis, écrivain français né en 1992, revient sur le devant de la scène littéraire avec Qui a tué mon père, un troisième ouvrage relativement court publié aux éditions du Seuil au mois de mai 2018, disponible au format poche dès septembre 2019 aux éditions Points. Dans cet écrit l’écrivain se questionne sur la relation complexe qu’il a toujours entretenue avec ses parents, notamment avec son père, une figure distante symbole à la fois de haine et d’amour. Édouard Louis juxtapose céans l’histoire de sa vie de famille à l’histoire politique de la France : il part de son expérience individuelle pour … Continuer la lecture de « Qui a tué mon père d’Édouard Louis, un pamphlet percutant »