Rêve de l’arche perdue
Suyi Davies Okungbowa. Tordotcom, 19,99 $ (192p) ISBN 978-1-250-89075-7
Dans ce récit puissant sur les inégalités sociales d’Okungbowa (la série Nameless Republic), les survivants du Second Déluge, une catastrophe environnementale qui a détruit la cité-nation de Lagos, sont désormais retranchés dans le Pinnacle, un gratte-ciel autonome entouré par l’océan. Un protocole rigide assure un ordre quasi totalitaire au sein du Pinnacle, limitant les interactions entre ses trois couches socio-économiques : les Uppers, les Midders et les Lowers « plus pâles et carencés en vitamine D », qui sont contraints de résider sous le niveau de la mer. Le chaos éclate lorsqu’un monstre marin, que l’on croit être la progéniture du diable Yemoja, se fraie un chemin à l’intérieur du bâtiment, infiltrant le Lower Level 9. Trois résidents du Pinnacle – Tuoyo, le contremaître du niveau 9 ; Yekini, un agent spécial du niveau intermédiaire ; et Ngozi, un haut fonctionnaire du gouvernement – sont affectés à l’affaire. Okungbowa sonde habilement la méfiance immédiate du trio les uns envers les autres, exposant leurs préjugés et leur ignorance, tout en intensifiant l’action jusqu’à presque Dune– une intensité qui rappelle celle d’un roman. L’auteur aborde dans cette histoire tellement de thèmes importants – parmi lesquels le pouvoir de l’histoire, des dieux, de la mémoire et de la narration – que certains sont inévitablement négligés. Mais là où l’écriture brille vraiment, c’est dans les petits détails, comme le collier en peau d’orange que Ngozi porte en mémoire de sa sœur disparue. Les lecteurs seront comblés. (Peut)