Dans l’œuvre première de sa trilogie livrant le testament émotionnel de femmes mortes, une œuvre intitulée L’Ombre animale, Makenzy Orcel nous évoque subtilement la difficulté de son entreprise littéraire, à savoir la difficulté de trouver les mots justes pour conter la vie et la mort, l’existence et l’essence, d’une personne passée de « l’autre côté ». dans ce dialogue constant avec la mort (ou la vie) une seule question s’impose, comment, avec quels mots raconter la fable de celui ou de celle qui n’est plus, n’a jamais été, quelle place a la mémoire des disparus à côté de celle des vivants[1] L’écrivain choisit pourtant de se prêter à cet exercice singulier d’une façon qui soit hautement littéraire et lui permette d’embrasser les mille … Continuer la lecture de « Une somme humaine de Makenzy Orcel, une langue vivante »
Littérature haïtienne
Sous cette étiquette sont rangées les œuvres de littérature haïtienne.
« Un jour suffit-il pour effacer de la mémoire un visage, un sourire ? » – Lyonel Trouillot
L’Ombre animale de Makenzy Orcel, ou la violence d’« ici »
Dans l’œuvre première de sa trilogie explorant la destinée de femmes mortes, des femmes livrant leur testament émotionnel à qui veut l’entendre, Makenzy Orcel nous invite à découvrir les ténèbres et possibles lumières d’Haïti : L’Ombre animale s’inscrit en effet en ce pays où « la situation empire dans les rues, les gens crient famine, dans le nord comme dans le sud, réclament le départ immédiat du président de la République ». Il convoque de sorte les réflexions crues d’une âme n’ayant jamais eu l’opportunité d’énoncer les mouvements de son être afin d’exposer, par son récit, l’existence d’une terre-soleil impraticable. Son œuvre se révèle ainsi d’une rare violence et d’une sublime irrévérence, et fait montre d’une poésie épousant le réalisme merveilleux cher à la … Continuer la lecture de « L’Ombre animale de Makenzy Orcel, ou la violence d’« ici » »
Cahier d’un art de vivre : Cuba, 1964-1978 de René Depestre, une intimité révélée
René Depestre est un homme d’exil. À moult reprises au cours de sa vie, l’illustre écrivain haïtien est contraint de quitter le lieu où il a élu domicile. Il habite toutefois près de vingt années consécutives à Cuba, île aux idées révolutionnaires qui lui fournit, à l’heure de ses balbutiements quant à la politique castriste, un environnement à la fois inspirant et enrichissant. René Depestre commence ainsi en 1964, alors qu’il vit à Cuba depuis cinq ans, un journal de ses réflexions variées et autres pérégrinations poétiques. Ces notes, retrouvées dans le Fonds René Depestre de la BFM de Limoges, sont rassemblées aujourd’hui dans un ouvrage inédit intitulé Cahier d’un art de vivre : Cuba 1964-1978, un document publié au mois de novembre 2020 … Continuer la lecture de « Cahier d’un art de vivre : Cuba, 1964-1978 de René Depestre, une intimité révélée »
Ne m’appelle pas Capitaine de Lyonel Trouillot, deux mondes dissonants en un même lieu
Dans un article de Joseph Chanoine Charles publié en 2011 dans Le Matin Haïti et intitulé Lyonel Trouillot : la littérature comme arme de combat[1], Lyonel Trouillot, écrivain, professeur de littérature et journaliste haïtien d’expression française et créole né en 1956, est dépeint comme ayant « grandi dans le milieu de la classe moyenne et vécu relativement protégé des laideurs des misères haïtiennes ». On découvre ainsi l’existence d’un gouffre social entre les classes aisées d’Haïti et la communauté locale la plus démunie. Intéressé par le possible dialogue de ces deux ensembles d’individus, Lyonel Trouillot compose en 2018 un texte au titre énigmatique pour les éditions Actes Sud. Ne m’appelle pas Capitaine, ainsi paru dans la collection « Domaine français » de cette maison d’édition, analyse … Continuer la lecture de « Ne m’appelle pas Capitaine de Lyonel Trouillot, deux mondes dissonants en un même lieu »