Est-ce un signe de progrès ? Alors que la Semaine des livres interdits 2024 est en cours, l’American Library Association a publié ses données préliminaires documentant les tentatives de censure de livres et de documents dans les bibliothèques publiques, scolaires et universitaires, constatant que le nombre de contestations suivies a considérablement diminué au cours des huit premiers mois de 2024.
Entre le 1er janvier et le 31 août 2024, le Bureau de la liberté intellectuelle de l’ALA a recensé 414 demandes de censure de documents et de services de bibliothèques, soit 1 128 titres uniques contestés. Ce chiffre est en baisse par rapport aux 695 cas et 1 915 titres uniques contestés au cours de la même période l’année dernière, et place les chiffres de 2024 en bonne voie pour être bien inférieurs à ceux de 2023, lorsque l’ALA a recensé un total de 1 247 demandes de censure de livres et 4 240 titres de livres uniques ciblés par la censure, soit une augmentation de 65 % par rapport aux chiffres de 2022.
Les représentants de l’ALA ont déclaré que ces nouvelles positives reflètent probablement le succès des efforts de sensibilisation, notamment les efforts des bibliothécaires individuels, les victoires clés dans plusieurs procès et les vastes programmes de lutte contre la censure tels que Unite Against Book Bans de l’ALA. Malgré le ralentissement de la croissance du nombre de contestations, le rapport note que les efforts de censure restent bien supérieurs aux niveaux observés avant 2020, lorsqu’un mouvement politique organisé a commencé à cibler les livres et les documents dans les écoles et les bibliothèques.
« Nous devons continuer à défendre les bibliothèques et à contester la censure partout où elle se produit », a déclaré Cindy Hohl, présidente de l’ALA, dans un communiqué. « Nous savons que les professionnels des bibliothèques de tout le pays sont déterminés à préserver notre liberté de choisir ce que nous lisons et ce que lisent nos enfants, même si de nombreux bibliothécaires sont confrontés à des critiques et à des menaces pour leur gagne-pain et leur sécurité. »
Une fois de plus, les données de l’ALA montrent que la plupart des contestations comprenaient plusieurs titres et ciblaient des livres « écrits par ou sur une personne de couleur ou un membre de la communauté LGBTQIA+ ». L’ALA publiera les résultats complets de 2024 (ainsi que les 10 livres les plus contestés de l’année) dans son rapport annuel sur l’état des bibliothèques américaines au printemps 2025, pendant la Semaine nationale des bibliothèques.
Si la baisse des contestations suivies au cours de la première partie de 2024 est une bonne nouvelle, les statistiques de l’ALA contrastent avec un rapport également publié cette semaine par PEN America, qui a révélé que la censure dans les bibliothèques scolaires a presque triplé au cours de l’année scolaire 2023-2024, dépassant les 10 000 interdictions de livres dans les écoles publiques, contre 3 362 interdictions au cours de l’année scolaire précédente.
Dans un communiqué, les responsables du PEN ont déclaré que leurs statistiques reflètent « une analyse détaillée du contenu » des titres interdits au cours de la dernière année scolaire – avec quelque 8 000 interdictions de livres enregistrées en Floride et dans l’Iowa, en réaction à de nouvelles lois d’État qui ciblent largement le contenu sexuel (lois qui sont actuellement contestées devant les tribunaux). Comme l’ALA, les responsables du PEN insistent sur le fait que leurs statistiques sont « certainement sous-estimées », notant que la plupart des interdictions de livres ne sont probablement pas signalées. Le PEN a également constaté que les interdictions de livres de l’année scolaire 2023-2024 concernaient en très grande majorité des auteurs et des histoires impliquant la communauté LGBTQ et les personnes de couleur.
PEN America publiera cet automne le décompte final de l’année scolaire 2023-2024 ainsi qu’un index public des interdictions de livres scolaires.
Les nouvelles statistiques arrivent alors que la Semaine des livres interdits 2024 débute, sous le thème « Libérés entre les lignes », qui, selon les représentants, fait référence à « la liberté que nous trouvons dans les pages des livres et à la nécessité de défendre cette liberté contre la censure ».
Parmi les temps forts de la Semaine des livres interdits, une journée d’action est prévue le 28 septembre – Let Freedom Read Day – au cours de laquelle chacun est encouragé à « faire au moins une chose le 28 septembre pour lutter contre la censure ».
