Les ventes de livres au Canada ont largement rebondi après la crise pandémique, atteignant 1,1 milliard de dollars canadiens en 2023, contre 998 millions de dollars canadiens en 2022, selon Statistique Canada et BookNet Canada, qui suivent les données de l’industrie. Cela dit, les ventes unitaires imprimées de livres commerciaux de langue anglaise au Canada ont chuté de 2 % au premier semestre de 2024 par rapport à la même période en 2023 dans les magasins qui relèvent de BookNet Canada. Le nombre d’unités a chuté à 20,8 millions, mais les augmentations de prix ont permis de maintenir les revenus à un niveau stable, à environ 477,1 millions de dollars canadiens.
La fiction pour adultes a enregistré la meilleure performance sur six mois, avec des ventes unitaires en hausse de 6 %, tandis que les ventes de non-fiction pour adultes ont chuté de 8 %. Les ventes unitaires ont diminué de 5 % dans la catégorie des jeunes et des jeunes adultes, mais elles sont demeurées les plus importantes au Canada, représentant 40 % des ventes unitaires de langue anglaise au premier semestre. Les ventes de Frontlist ont continué à connaître des difficultés, représentant 26 % des unités vendues, contre 28 % il y a un an.
Une grande partie de l’attention de l’industrie canadienne est concentrée sur la viabilité d’un seul détaillant : Indigo Books & Music. Le libraire dominant du pays est souvent considéré comme un indicateur de l’état de l’industrie de l’édition canadienne, et les choses chez Indigo ne se sont pas bien passées. La chaîne a connu une baisse des ventes dans ses librairies physiques pendant la pandémie et une cyberattaque en 2023 qui a paralysé ses ventes en ligne. La chute des ventes s’est poursuivie jusqu’au dernier trimestre de 2023, qui s’est terminé avec des revenus en baisse de 12 % par rapport à la même période en 2022, et son revenu annuel est tombé à 10 millions de dollars canadiens, contre 34,3 millions de dollars canadiens.
Après plusieurs machinations de la direction ces dernières années, y compris le départ à la retraite puis le retour de la fondatrice et PDG Heather Reisman, les actionnaires d’Indigo ont accepté en juillet une offre de rachat de Trilogy Investments et Trilogy Retail Holdings, sociétés contrôlées par le mari de Reisman, Gerald Schwartz. Reisman restera PDG et promet de recentrer l’entreprise sur la vente de livres, après l’avoir précédemment guidée vers une diversification dans les produits de masse, tels que les articles ménagers, dans le but de transformer l’Indigo en un « grand magasin culturel ».
Ceci est particulièrement important pour Penguin Random House Canada, de loin le plus grand éditeur au Canada. « Le pivot stratégique d’Indigo visant à se recentrer sur les livres a été un retour bienvenu », déclare Kristin Cochrane, PDG de PRHC. « Nous avons déjà constaté des changements significatifs et visibles tels qu’une meilleure sélection dans les magasins, une augmentation des sections de livres avec un merchandising et une narration plus riches, et une réelle énergie derrière non seulement Rania Husseini. [Indigo’s SVP of print] et l’équipe du siège social mais aussi au niveau du personnel du magasin.
L’une des réussites les plus remarquables du PRHC est celle de l’auteure canadienne Carley Fortune, dont Cet été sera différentpublié en mai, est resté en tête des listes de best-sellers pendant des semaines. Les livres de Fortune se sont vendus à plus de 239 000 exemplaires imprimés et à plus de 71 000 au format numérique, selon l’éditeur.
Le vice-président des ventes et du marketing de HarperCollins Canada, Cory Beatty, est également optimiste quant aux récents changements d’Indigo. « Ils sont déterminés à résoudre les problèmes du passé et ont su maintenir un dialogue constant avec nous », dit-il.
Les éditeurs indépendants canadiens ressentent également les changements chez Indigo. De nombreux éditeurs indépendants publient principalement des auteurs canadiens et ne sont pas soutenus par des listes de best-sellers internationaux comme leurs homologues plus importants. Indigo est donc encore plus central dans leurs activités. Un signe du changement de stratégie chez Indigo est le lancement d’un programme pilote visant à présenter 10 maisons d’édition canadiennes indépendantes, dont Arsenal Pulp, Dundurn Press, Drawn & Quarterly, ECW et House of Anansi, qui offre aux clients des points de fidélité supplémentaires pour leurs achats. de leurs livres. L’image de marque a également évolué pour promouvoir les auteurs canadiens, avec de grandes photos d’écrivains et des reproductions du sol au plafond des œuvres de l’artiste et auteur radical canadien Kent Monkman (connu par beaucoup sous le nom de Miss Chief Eagle Testicle) dans le nouveau magasin phare de l’entreprise à The Eh bien, un espace de vente au détail et de vie chic au centre-ville de Toronto.
David Caron, coéditeur d’ECW et d’Annick Press, a exprimé un optimisme prudent quant aux initiatives récentes. « Nous avons certainement eu l’impression qu’Indigo était un très bon partenaire ces derniers temps », dit-il. « Nous avons constaté une légère hausse du côté des adultes lorsqu’ils ont eu ces promotions sérieuses. »
Meghan Macdonald, éditrice chez Dundurn, déclare : « Nous remarquons que les titres qu’ils ont demandés se vendent en plus grand nombre, nous en sommes donc satisfaits. »
Il reste à voir si le recentrage d’Indigo sur la promotion des livres canadiens pourra stimuler les ventes relativement modestes des auteurs canadiens dans leur pays d’origine. En 2023, les livres d’auteurs canadiens représentaient seulement 12 % des ventes globales de livres imprimés au Canada, selon BookNet Canada. Les best-sellers ont été dominés par les auteurs étrangers entre janvier et juin, avec Les femmes de Kristin Hannah en tête de la liste des fictions pour adultes et de James Clear Habitudes atomiques N°1 de la non-fiction pour adultes. Dav Pilkey Le déverseur écarlate en tête de la liste des mineurs et des YA. Le titre pour adultes le plus vendu d’un écrivain canadien était Fortune’s Cet été sera différent (Penguin Canada), et le titre à succès pour la jeunesse et les jeunes d’un auteur canadien était Claudia et la mauvaise blague (Baby-Sitters Club #15) par Ann M. Martin, illustré par Arley Nopra (Scholastic Canada).
En regardant vers le sud
Pour de nombreux éditeurs canadiens, le marché d’exportation américain demeure une grande priorité, et leur engagement plus profond envers ce pays leur a permis de mieux comprendre comment cibler leurs activités de vente. Livres Canada Books, l’organisme chargé de promouvoir les ventes à l’exportation canadiennes, a récemment mis à jour son guide « Accès au marché américain du livre de détail » et préconisait – en l’absence d’un salon national unique du livre, maintenant que BookExpo America n’existe plus – d’explorer les différents salons de l’association régionale des métiers des libraires.
Ce conseil trouva un écho auprès de Macdonald de Dundurn, qui fut nommé éditeur en février après avoir occupé le poste de directeur des opérations. « L’année dernière, nous sommes allés à la réunion de la New England Independent Booksellers Association et cette année, nous avons assisté à la réunion de Heartland dans le Midwest », dit-elle.
Fred Horler, directeur marketing chez House of Anansi, affirme que la société a récemment participé à plusieurs conférences aux États-Unis, notamment à la conférence du Conseil national des professeurs d’anglais et à celle du Children’s Institute de l’American Booksellers Association. « Les États-Unis sont un marché clé pour nous et il est important pour nous de rencontrer vos clients en personne », ajoute-t-il.
Second Story Press, la maison d’édition féministe de livres pour enfants, étudie les moyens de trouver un public pour sa solide liste de titres autochtones et a assisté à la conférence de la National Indian Education Association aux États-Unis pour la première fois cette année. « Nous sommes au point où nous pouvons faire davantage avec la marque Second Story, puisque les gens reconnaissent ce que nous défendons et ce que nous faisons, en particulier en matière d’éducation », déclare Emma Rodgers, responsable du marketing et des promotions de Second Story.
Tout compte fait, le signe le plus fort d’un avenir encore meilleur pour les éditeurs canadiens est peut-être l’essor des librairies indépendantes au pays. « Nos partenaires libraires indépendants n’ont cessé de se renforcer au cours des dernières années, soutenus par les tendances démographiques à long terme, les programmes de fidélité « achetez localement » et le soutien institutionnel de l’Association canadienne des libraires indépendants », déclare Cochrane de PRHC. « Pour la quatrième année consécutive, nous avons ouvert plus de 40 nouveaux comptes indépendants, notamment des entreprises appartenant au BIPOC, des magasins spécialisés dans le genre et des combinaisons café-livre-bar. Tous sont informés par des liens authentiques avec leurs communautés ainsi que par l’énergie et l’agitation qui incarnent le meilleur de la vente de livres locale.
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Une version de cet article est parue dans le numéro du 30/09/2024 de Éditeurs hebdomadaire sous le titre : The Bellwether